Et si Abdelilah Benkirane n’était pas le véritable responsable, au sein de son parti, du blocage de la formation du gouvernement? La question devient légitime quand on prend la peine de s’intéresser à ceux qui murmurent à son oreille. Ne formeraient-ils pas un bloc contre toute tentative de dénouer la situation?
Le360 a appris de sources internes au PJD que «l’intérêt de l’Etat prime désormais sur tout autre considération aux yeux du Chef du gouvernement». Et d’ajouter: «Abdelillah Benkirane est désormais disposé à ne pas poser de conditions préalables ou à imposer un quelconque parti politique pour la formation du prochain gouvernement».
Sauf que cette bonne volonté prêtée à Abdelilah Benkirane est contrariée par un groupe de personnes qui ont formé une sorte de noyau dur informel et qui sembleraient l’empêcher d’entamer de sérieuses et constructives tractations.
Selon des sources internes au parti islamiste, ce noyau dur est composé de quatre personnes qui se réunissent régulièrement entre elles.
Ce quatuor est mené par Abdelali Hamieddine, jeune membre du secrétariat général et qui est connu pour avoir été accusé (et emprisonné) dans l’affaire de l’assassinat de l’étudiant de gauche, Aït El Jid Benaissa, à Fès en 1993.
Abdelali Hamieddine, également très proche de Mustapha Ramid qu’il a remplacé à la tête du Forum Al Karama, est connu pour son radicalisme et sa virulence contre les rivaux du PJD. Il représente l’aile dure du PJD et pousse à ce que le parti, fort de ses 125 sièges, impose ses diktats et ne concède rien.
Le deuxième homme est Mohamed Réda. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est l’homme à l’origine du scandale lié à l’échange des primes entre le ministère des Finances et le trésorier du royaume. Il s’agit en effet de l’un des deux ingénieurs du ministère des Finances accusés d’avoir organisé, fin 2012, les fameuses fuites sur les primes de Salaheddine Mezouar (argentier du royaume à l’époque) et Noureddine Bensouda, trésorier général du royaume.
Depuis, le PJD l’a adopté et, grâce à des soutiens comme Abdelali Hamieddine, il est devenu très influent au sein du parti de la Lampe.
Le troisième membre de ce groupe n’est autre que Taoufik Bouachrine, patron de Akhbar Al Yaoum, publication qui fait office depuis quelques années de porte-voix du PJD.
Le quatrième homme de ce quatuor est Jamaâ Moâtassim, directeur du cabinet de Benkirane à la présidence du gouvernement et son colistier lors des élections législatives du 7 octobre à Salé. Il est «monté en grade» auprès de Benkirane depuis le décès tragique de Feu Abdellah Baha, ancien ministre d’Etat. C’est lui qui informe les trois autres personnes précédemment citées, de toutes les démarches et rencontres du Chef du gouvernement désigné, précise nos sources. Et d’ajouter: «Les informations qu’il fournit à Hamieddine sont toujours exploitées, via les relais médiatiques proches du PJD, en vue d’entraver toute avancée qui irait dans le sens d’une solution négociée».
Selon des sources internes au sein du PJD, aucune avancée dans les négociations n’a été possible tant que le Chef du gouvernement désigné était sous l’influence de ce quatuor. Il semblerait que le vent ait tourné et que Benkirane n’écoute plus les voix qui murmurent à son oreille.