Le gazoduc Maghreb-Europe, acheminant le gaz algérien vers l’Espagne à travers le territoire marocain, a été mis hors service ce dimanche 31 octobre à minuit. Prévisible et attendue, la décision du président algérien Tebboune a été rendue publique quelques heures avant son entrée en vigueur. En effet, un communiqué de la présidence algérienne, relayé par l’agence officielle algérienne APS, a annoncé la rupture officielle du contrat lié au gazoduc Maghreb-Europe qui relie l’Algérie à l’Espagne en traversant le Maroc.
“Au regard des pratiques à caractère hostile du Royaume marocain à l’égard de l’Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l'unité nationale et après consultation du premier ministre, du ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, du ministre de l'Energie et des Mines, le président de la République a donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l'effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat”, indiquait dimanche dernier un communiqué de la présidence algérienne.
La réaction marocaine à la non-reconduction de l’accord sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME) ne s’est pas fait attendre. Cette décision n’aura dans l’immédiat qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national, selon l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).
Dans un communiqué publié directement après l’officialisation de la non-reconduction du GME, les deux Offices précisent qu’eu égard à la nature du voisinage du Maroc et en prévision de cette décision, les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la continuité de l’alimentation du pays en électricité. Selon l’ONHYM et l’ONEE, d’autres options sont en cours d’étude pour des alternatives durables, à moyen et long termes.
Dans sa livraison du 2 novembre, le quotidien Assabah revient sur les conséquences insignifiantes de la non-reconduction de l’accord sur la performance du système électrique. Ingénieur et expert des questions énergétiques, Mehdi Daoudi explique dans les colonnes du journal que la décision émanant de la présidence algérienne a pour objectif de porter atteinte aux intérêts du Royaume, dans le cadre de l’hostilité du voisin de l’Est à l'encontre de notre pays, hostilité traduite récemment par la rupture des relations diplomatiques.
Selon Mehdi Daoudi, le plus grand perdant de la non-reconduction du GME est bel et bien l’Algérie et non le Maroc, tant le voisin de l’Est est dans l’urgence de vendre son gaz, demandé aujourd'hui sur les marchés européens vu l’augmentation du prix mondial. Le spécialiste rappelle ainsi que ce gazoduc acheminait 13 à 15 milliards de m3 de gaz de l’Algérie vers l’Espagne, en passant par le Maroc.