Si la solution du conflit du Sahara marocain semble encore loin, il n’en demeure pas moins que la rencontre de Genève 2 a consacré les prémices d’un changement de perception dans l’aboutissement de ce dossier. Après Genève 1, qui a réuni, pour la première fois, toutes les parties du conflit autour de la table ronde, la rencontre de vendredi dernier fut une occasion propice pour avancer dans les discussions.
L’Algérie et le Polisario ont, en effet, été appelés à abandonner, définitivement, leur références statiques et dépassées pour se consacrer sérieusement à la recherche d’une solution pragmatique. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nacer Bourita, a d’ailleurs confirmé, dans une conférence de presse tenue à l’issue de cette deuxième table ronde que «toute solution en dehors de la souveraineté marocaine sur son Sahara demeure impossible».
Le ministre a précisé que cette rencontre a eu le mérite de démanteler certaines légendes telles que «le droit à l’autodétermination, le referendum ou l’indépendance». Et d’ajouter que «cette réunion a consacré, pour la premier fois, les facteurs essentiels pour solutionner ce conflit conformément aux résolutions du conseil de sécurité». A cet égard, Bourita a indiqué que le deuxième paragraphe de la résolution 2440 confirme que la solution doit être réaliste en précisant que «ce qui n’est pas réaliste est impossible».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du lundi 25 mars, que le ministre marocain a souligné que lors de cette réunion, les discussions ont porté sur la question de l’autodétermination. Il a précisé que le Maroc considère que l’autodétermination, tant au niveau de ses principes juridiques que de la pratique internationale ou de la conviction constante du royaume du Maroc, «ne signifie en aucun cas l’indépendance ou le référendum».
Et le ministre de préciser que «le Maroc n’acceptera aucune solution basée sur le référendum ou l’indépendance. Une position qui n’est pas propre au Maroc mais qui va de pair avec les exigences du conseil de sécurité». Toujours dans ce contexte, le ministre rappelle que les termes de «l’indépendance» ou du «référendum» ne figurent aucunement dans les décisions du conseil de sécurité qui a évoqué à six reprises la solution politique consensuelle.
Autant dire, ajoute le ministre, que l’initiative de l’autonomie présentée par le Maroc est conforme à tous les principes figurant dans le deuxième paragraphe de la résolution 2440. Une autonomie, ajoute Bourita, qui constitue une solution réaliste et pratique basée sur le compromis et garantissant un règlement durable du conflit artificiel sur le Sahara marocain. L’initiative marocaine, poursuit le ministre, est conforme au principe d’autodétermination tel qu’il est confirmé par les littérature et les pratiques de l’ONU ainsi qu’avec les résolutions relatives au Sahara marocain.
A une question d’un agent du Polisario déguisé en journaliste sur le droit à l’autodétermination, Bourita lui a répliqué: «Les discussions sur l’autodétermination ont permis d’éclaircir certains points et de pousser certains à cesser de vendre des rêves et des légendes». Le ministre a poursuivi en affirmant que le Maroc est venu pour dire en toute franchise au cours de cette discussion que «celui qui a informé les gens que l’autodétermination signifie le référendum les a traitreusement trompés». Et le ministre d’ajouter que «lors de cette réunion, personne n’a affirmé que l’autodétermination passe par le référendum».
De son côté, l’envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara, Horst Köhler, a révélé à l’issue de la rencontre de Genève, que les quatre parties du conflit ont accepté de tenir une troisième table-ronde avec la même formule. Dans un communiqué, Köhler a indiqué que toutes les parties se sont félicitées de la dynamique engendrée par la première table ronde organisée en décembre 2018. Les délégations présentes, a-t-il ajouté, se sont engagées à poursuivre ces discussions avec sérieux et respect en appelant à la nécessité de renforcer le processus de la construction de la confiance au cours de cette opération.
L’envoyé spécial de l’ONU a ajouté que «toutes les parties ont engagé des discussions approfondies pour essayer de trouver une solution au dossier du Sahara qui doit être réaliste, pragmatique, durable et consensuelle conformément à la résolution 2440 du conseil de sécurité». Les délégations se sont mises d’accord pour poursuivre les discussions dans le but de déterminer les facteurs de rapprochement: «Toutes les parties sont unanimes pour affirmer que la région entière du Maghreb va récolter les fruits d’une solution à ce conflit», a conclu l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU.