Quelques heures à peine avant l’ouverture de la table ronde sur la question du Sahara, l’Algérie a essuyé deux revers cuisants. D’un côté, écrit le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 6 décembre, l’ancien ministre des Affaires étrangères mauritanien sous le président Ould Dadda, Ahmed Ould Sidi Baba, a fait une déclaration pour le moins gênante pour le voisin de l’Est. L’ancien chef de la diplomatie mauritanienne a ainsi divulgué des informations inédites concernant une rencontre entre le président de son pays et son homologue algérien, au moment où ce dernier préparait la guerre des sables contre le Maroc. Soit bien des années avant la création du Polisario.
Le deuxième revers, ajoute pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du même jour, vient de l’ONU qui a qualifié l’Algérie de partie de ce conflit. C’est une première, souligne le journal qui explique que, pendant les quarante dernières années, l’ONU a toujours qualifié le Maroc et le Polisario de parties concernées et l’Algérie et la Mauritanie d’observateurs. Ce n’est plus le cas. En effet, dans sa déclaration officielle, quelques heures avant cette table ronde, l’adjoint du porte-parole du SG des Nations Unies n’a fait aucune distinction entre le Maroc, le Polisario et l’Algérie qu’il a présentés comme des parties du conflit.
Ainsi, rapporte le journal en citant le porte-parole adjoint, Farhan Haq, le SG «se félicite de la décision du Maroc, du Polisario, de l'Algérie et de la Mauritanie d'accepter l'invitation de son Envoyé personnel, Horst Köhler, de participer à une table ronde initiale à Genève les 5 et 6 décembre 2018». De même, poursuit ce responsable, Antonio Guterres «réitère son soutien indéfectible à son Envoyé personnel et ses efforts pour relancer le processus de négociation conformément à la résolution 2440 du Conseil de sécurité du 31 octobre 2018».
Par ces déclarations, l’ONU rejette ainsi les thèses du Polisario et de l’Algérie qui ont toujours nié à cette dernière, toujours présentée comme «un observateur», son rôle principal dans ce conflit, en tant que partie prenante. Le responsable onusien, poursuit le journal, a également exhorté, au nom du SG, chacune des parties, y compris l’Algérie, à s'engager de bonne foi, sans conditions préalables et dans un esprit constructif dans les discussions.
Le Maroc, explique le quotidien, prend part à cette table ronde tout en étant convaincu de la justesse de sa cause nationale et confiant quant au processus onusien. La participation marocaine à cette table ronde, qui ne peut en aucun cas être assimilée à des négociations directes, fait suite à l'invitation de l'Envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler, adressée au quatre parties. Elle est l’expression concrète de l’adhésion du Maroc à la dynamique de relance du processus politique, lancée par le SG de l’ONU, en collaboration avec son Envoyé personnel, encadré par la résolution 2440 du CS.
Citant la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Mounia Boucetta, le quotidien Assabah affirme, pour sa part, que cette table ronde «offre l'opportunité de trancher la question des mesures de rétablissement de la confiance». Elle a également ajouté que la résolution 2440 du Conseil de Sécurité marque un progrès significatif, d'autant plus qu'elle souligne l'impératif d'ouvrir un nouveau chapitre dans le processus de règlement en vue de parvenir à une solution politique consensuelle, réaliste et durable.