Gestion des travailleurs de la «Promotion nationale»: des dérives sur fond de précampagne électorale

Un fonctionnaire dans une administration publique.

Revue de presseAlors que les élections approchent, la gestion des travailleurs de la Promotion nationale suscite de vives inquiétudes. Des rapports d’inspection mettent à jour des pratiques opaques, mêlant emplois fictifs, favoritisme et usage politique de données personnelles. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 16/06/2025 à 18h21

Des irrégularités majeures dans la gestion des travailleurs de la Promotion nationale refont surface, alors que des pratiques douteuses laissent soupçonner une instrumentalisation à des fins électorales.

Nouvellement installés, plusieurs walis et gouverneurs ont fait de ce dossier une priorité, en entamant une révision des mécanismes d’attribution des cartes de la Promotion nationale et en convoquant les présidents de conseils provinciaux et préfectoraux, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce mardi 17 juin.

Selon des sources concordantes citées par le quotidien, des listes non officielles de bénéficiaires révèlent des dysfonctionnements préoccupants: travailleurs fantômes, affectés à des communes sans y avoir jamais mis les pieds, ou proches d’élus locaux intégrés dans le système pour occuper des postes parfois administratifs, normalement réservés aux fonctionnaires statutaires.

Des rapports d’inspection adressés à l’administration territoriale alertent sur la possibilité que ces travailleurs temporaires aient accès à des données personnelles de citoyens, ouvrant la voie à leur utilisation dans des stratégies de précampagne électorale, avertit Assabah.

Autre alerte: les abus budgétaires. Les journées de travail rémunérées dans le cadre de la Promotion nationale, notamment via le programme Awrach, représentent 18 millions de journées, pour un montant global de plus de 1,5 milliard de dirhams.

Une partie de ces fonds aurait servi à financer des missions sans suivi ni traçabilité, allant de la garde de terrains vagues à la participation à des chantiers appartenant à des élus.

D’autant que ces mêmes travailleurs ne bénéficient d’aucune couverture contre les risques liés aux missions qui leur sont confiées, malgré leur forte implication dans des projets publics.

Certaines préfectures dénoncent également le renouvellement automatique, tous les trois mois, des contrats de ces travailleurs occasionnels, au mépris des limites budgétaires prévues, écrit-on.

Aucune évaluation sérieuse de leurs tâches n’est menée, et ces pratiques contribuent à alimenter une forme de précarisation organisée, voire de clientélisme.

Au Parlement, plusieurs députés réclament, paradoxalement, un élargissement de la base des bénéficiaires et une amélioration de leur statut, justifiant leur demande par l’importance du rôle joué par ces agents dans les chantiers du gouvernement.

Mais ces appels relancent le débat sur l’absorption de main-d’œuvre non qualifiée dans un système saturé, alors même que les collectivités manquent cruellement de profils techniques spécialisés.

Une étude récente de la Direction du développement des compétences et de la transformation numérique (DGCT) souligne en effet l’écart entre les besoins réels en compétences et les profils recrutés dans le cadre de la Promotion nationale, qui aggrave le déséquilibre au sein des administrations territoriales, écrit-on encore.

Par Walid Ayadi
Le 16/06/2025 à 18h21