C'est avec un air fort probablement crispé que le chef du gouvernement se rendra ce vendredi matin à son bureau de la présidence du Conseil où l'attendent des hôtes pas tendres du tout, les leaders de 5 syndicats qui jurent de défendre becs et ongles pas moins de dix revendications majeures. Autour de la table, Abdelillah Benkirane retrouvera ainsi en face de lui les leaders de l'UMT, de la CDT, de la FDT, de l'UGTM et de l'UNMT. Sous le titre "10 revendications sur la table du dialogue social sans que le gouvernement ne promette grand-chose", Akhbar Al Youm nous apprend dans son numéro du 10 février que ce round de pourparlers sera difficile.
L'Exécutif ajoute le journal, "ne pourra pas satisfaire à toutes les doléances mais promet de fournir des réponses convaincantes aux différents points de leur cahier revendicatif". Dans une déclaration au journal, le ministre de l'Emploi, Abdessalam Seddiki, a donné un avant-goût de cette reprise du dialogue social en affirmant que "certaines revendications nécessitent un examen juridique et constitutionnel plus approfondi alors que d'autres ont besoin d'un contexte économique plus approprié".
"Lorsque la situation économique du pays s'améliorera, il est certain que la nécessité de revaloriser les salaires s'imposera", a affirmé le ministre excluant implicitement tout espoir de voir à court terme une augmentation salariale.
Abdessalam Seddiki n'a pas oublié de rappeler la dernière hausse en deux temps du SMIG accordée en mai 2014, une décision unilatérale prise par le gouvernement contre l'ire de la CGEM.
Vendredi, le chef du gouvernement avait regretté devant des lauréats de HEC de Paris que les salaires dans la fonction publique coûtent à l'Etat quelque 140 milliards de dirhams, soit un peu moins des trois quarts de la totalité des recettes étatiques.Les libertés syndicales et la nécessité de les préserver figurent aussi en tête des 10 revendications.
Pour le ministre de l'Emploi, il n'existe "pas une volonté délibérée visant à réduire les champs des libertés, au contraire le gouvernement a une volonté de les consolider".
Les syndicats, rappelle Akhbar Al Youm, revendiquent aussi l'application intégrale de l'accord du 26 avril 2011 en particulier l'abrogation de l'article 288 du code pénal qui limite le droit de grève.
Selon Seddiki, la loi organique sur le droit de grève est prête. « Je ne vois aucun syndicat qui la récuse », a-t-il indiqué. Toutefois, il existe des parties -qu'il n'a pas citées- qui veulent retarder son adoption.
Le ministre a par ailleurs réitéré la position ferme du gouvernement à l'égard de la convention 87 issue de l'Organisation mondiale du travail (OIT). Cette convention soutient la création des corporations syndicales représentant les corps de police, des gendarmes, des magistrats, bref des syndicats des corps de sécurité qui portent les armes.
"Les syndicats font de la surenchère en soulevant ce cas à chaque fois que le dialogue social bute sur des questions épineuses. Il faut savoir que notre Constitution n'autorise pas encore ce genre de syndicat. Agir autrement, c'est violer les règles de la Constitution", a conclu le ministre.