Le mouvement Al Adl Wal Ihssane a décidé de participer à la grève générale décrétée par trois centrales syndicales pour ce mercredi 20 février. Les islamistes retournent dans la rue au moment où leur relation avec l’Etat connaît un climat de tension, suite à la mise sous scellés de plusieurs maisons appartenant à leurs militants. C’est à la suite d’une réunion extraordinaire, tenue le week-end dernier par sa branche syndicale, que le bureau national du mouvement a pris cette décision. Dans un communiqué, le syndicat justifie sa participation à cette grève par le blocage que connaît le dialogue social depuis huit ans. Il ajoute que la multiplication des rounds de «négociations» avec les syndicats n’était qu’un leurre pour gagner du temps et contourner les revendications légitimes de la classe ouvrière.
La branche syndicale du mouvement considère que «l’obstination du gouvernement El Othmani à mettre en œuvre des décisions unilatérales inéquitables dénote son mépris pour les revendications des travailleurs et des classes moyennes et démunies en consacrant, ainsi, l’injustice et l’exclusion sociales». Une politique de marginalisation, poursuit le syndicat, marquée par «la faillite de la caisse de retraite dont les pots cassés sont payés par la seule classe ouvrière, le refus d’augmenter les salaires tout en maintenant la libéralisation des prix, la levée de la subvention de certains produits essentiels, l’atteinte à la gratuité de l’enseignement par le projet de loi-cadre et la consécration de l’instabilité de l’emploi par le contrat imposé dans la fonction publique. Toutes ces mesures sont de nature à retarder toute solution à la situation déplorable des catégories lésées dans tous les secteurs et, par conséquent, à affaiblir leur pouvoir d’achat».
Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du mercredi 20 février, que le mouvement islamiste dénonce la persistance du gouvernement à restreindre la liberté syndicale. Il évoque notamment les poursuites judiciaires contre les militants syndicaux, le refus de délivrer les autorisations de création ou de renouvellement des bureaux syndicaux et le limogeage des cadres à cause de leur appartenance politique ou syndicale.
Le mouvement Al Adl Wal Ihssane exprime donc son soutien à la grève générale décrétée, pour ce mercredi, par trois centrales syndicales dans plusieurs secteurs d’activités. Le communiqué du syndicat islamiste confirme, par ailleurs, sa participation aux marches du 24 février prévues dans plusieurs provinces et régions du royaume.
Le quotidien Assabah, qui traite le même sujet dans son édition du mercredi 20 février, rappelle que le mouvement d’Al Adl Wal Ihssane, qui participe à cette grève, s’était retiré de manière «surprenante» du mouvement du 20 févier fin 2011. Quant au PJD et son aile syndicale, ils se contentent de participer à la grève de l’enseignement prévue vendredi prochain. En revanche, les syndicats de l’enseignement les plus représentatifs ont tenu à commémorer l’anniversaire du mouvement social du 20 février, qui a marqué un tournant au Maroc. Ils mettent en garde le gouvernement contre les conséquences que pourraient avoir les prélèvements sur les salaires de ceux qui vont participer à cette grève. Les syndicats rappellent que la grève est un droit constitutionnel renforcé par décisions judiciaires qui ont annulé de précédentes sanctions prises par le gouvernement à l'encontre des grévistes.
Les syndicats réclament l’augmentation des salaires (gelés depuis 2011), la réduction des impôts, la création d’un impôt sur la fortune, l’application de l’accord du 19 et 26 avril 2011, ainsi que l’annulation de la réforme des régimes de retraite. Après la décision des trois syndicats de l’enseignement, la CDT s’est jointe à la manifestation nationale du 20 février pour protester, dit-elle, contre le gel du dialogue social par le gouvernement et l’aggravation de la crise sociale.
L’organisation démocratique du travail a, de son côté, rejoint les participants à cette commémoration, considérant que le seul moyen de mettre fin à la crise sociale demeure l’adoption d’un contrat social dans le cadre d’un nouveau modèle de développement. L’objectif étant de réaliser un développement juste et durable qui satisferait les revendications des citoyens et de la classe ouvrière dans la dignité, la liberté, l’équité et la protection sociale.