La direction du Polisario s'est réunie dimanche 26 février à la demande de son chef, Brahim Ghali. A l'ordre du jour de cette réunion convoquée d'urgence à Rabouni, QG du secrétariat national du Front séparatiste, la suite à donner au retrait "dès dimanche" du Maroc de la zone tampon de Guerguerat, sur instructions du roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d'état-major général des Forces armées royales, conformément à l'appel du tout nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Gueterres.
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Une source bien informée a dévoilé à le360 que lors de cette réunion,"la tendance générale ayant prévalu était au retrait des éléments armés du Polisario de la zone démilitarisée de Guerguerat". De l'avis général, "il fallait se comporter positivement en réponse à l'appel du nouveau secrétaire général de l'ONU et ne pas se mettre à dos la communauté internationale", certifie notre source. La décision du retrait allait donc être adoptée à la majorité des membres du secrétariat national du Polisario, dont son chef Brahim Ghali.
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Or contre toute attente, "le chef du Polisario s'est éclipsé pendant 45 minutes après avoir été appelé au téléphone", raconte notre source. A l'issu de cet entretien téléphonique, Brahim Ghali a rejoint ses collègues pour leur annoncer une autre décision que celle prise à la majorité des membres du secrétariat national. Des instructions avaient vraisemblablement été données par des généraux algériens au chef du Polisario afin de maintenir ses éléments armés dans le lieu de leur déploiement, à Guerguerat.
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Cafouillage chez les membres du secrétariat national du Polisario, mais aussi parmi les éléments armés du Polisario qui pliaient tentes et bagages afin de rentrer à Tindouf avant de recevoir l'ordre de rester sur place en fin d'après-midi, hier dimanche 26 février.
Un cafouillage qui se manifeste d'ailleurs clairement dans le communiqué diffusé dimanche soir par le Polisario, où le FP dit "partager les préoccupations du secrétaire général de l'ONU concernant la situation présente de Guerguerat" et "soutenir son appel pour le respect de l'esprit et de la lettre du cessez-le-feu en vigueur, depuis 1991", sans toutefois prendre acte de cet appel en décidant du maintien de ses éléments armés dans la zone démilitarisée de Guerguerat. D'ailleurs, dans le communiqué diffusé par le Polisario, il n'est fait nulle part mention de la décision du Polisario de passer outre la recommandation du SG de l'ONU en maintenant des éléments armés sur la zone tampon.
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Alors que le Polisario a fait du retrait des forces marocaines de Guerguerat un préalable au désamorçage de la tension dans cette région, le voilà qui se dédit en prétendant que "la situation à Guerguerat n'est pas un fait isolé et partant, que seule une prise en compte de l'état du processus de décolonisation du Sahara dans son ensemble est à même de permettre le dépassement de la tension actuelle"!
Inutile de faire appel à une voyante pour comprendre l'origine du coup de fil qui a fait changer de ligne de conduite le patron du Polisario. Alger, véritable marionnettiste du Polisario, ne veut pas que le dossier de Guerguerat soit classé à si bon compte en faveur du Maroc. Elle refuse surtout d'entériner le sens des initiatives marocaines qui donnent le tournis à un régime malade où les cadors sont davantage occupés par la guerre de succession à Bouteflika.
Une chose reste sûre: la bataille est dans le camp du tout nouveau secrétaire général de l'ONU, réputé pour sa compétence dans la gestion des crises et sa maîtrise du dossier saharien. La conquête burlesque de la zone tampon de Guerguerat par le Polisario a désormais comme spectateur le secrétariat général de l'ONU. La question n'est pas de savoir s'il va apprécier le show grotesque des éléments du Polisario mais comment (et quand) il y mettra un terme.