Après plusieurs années d’éclipse, l’ancien maire de Fès, ancien secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc et ancien secrétaire général de l’Istiqlal, Hamid Chabat, est de retour sur la scène politique. Il a même mis fin à son long absentéisme parlementaire qui a failli lui coûter son siège sous la coupole.
Dans une longue interview accordée au quotidien Assabah et parue dans son édition du mercredi 28 avril, Hamid Chabat ne veut pas d’une victoire du Parti de la justice et du développement (PJD). D’ailleurs, selon ses pronostics, c’est le parti de l’Istiqlal qui «va remporter les prochaines élections». Dans ce cas de figure, le PJD sera face à deux options. Ou bien choisir de faire partie d’un gouvernement dirigé par le parti de la Balance, ce qui est fort probable car, pour Chabat, le PJD se sent «très proche» de l’Istiqlal. Ou bien ce parti va moisir dans l'opposition.
Pour Chabat, avec un PJD hors gouvernement, le pays ne s’en portera que mieux, surtout s'il est sous la direction de l’Istiqlal. Et de rappeler que c’est du temps du gouvernement de Abbas El Fassi que le Maroc a connu un bond sans précédent en matière d’infrastructures (autoroutes, ports…) et de paix sociale avec les syndicats.
Revenant sur l’épisode du retrait de l’Istiqlal du gouvernement PJDiste dirigé par Abdelali Benkirane, Hamid Chabat l’a justifié par le fait que son parti a refusé le diktat du Fonds monétaire international, et non pas pour des raisons idéologiques. Ce qui ne l’a pas empêché d’exiger de ne plus utiliser le mot «islamiste» pour qualifier le PJD, non seulement parce que les Marocains sont en majorité des musulmans, mais aussi parce que le PJD prend de nombreuses décisions qui sont aux antipodes des préceptes de l’Islam.
De même, les dirigeants du PJD ont largement profité, selon lui, de strapontins au sein de la haute administration de l'Etat pour s’enrichir de façon excessive. Pour Chabat, le PJD a profité du Printemps arabe pour se transformer en «corona politique» au Maroc. Car les PJDistes, qui disaient par exemple être entrés dans le gouvernement pour lutter contre la corruption, sont devenus, d’après Chabat, la frange politico-affairiste la plus corrompue au Maroc. Et de citer le cas de la mairie de Fès -où il compte se représenter, soit dit en passant- qui a pâti de la gouvernance d’un Conseil de la ville aux mains du PJD.
Cependant, Chabat se dit optimiste, car l’adoption du quotient électoral va permettre de changer la donne, puisque cette réforme aura le mérite de booster le taux de participation électorale lors des prochaines échéances de fin 2021. Electoraliste à l’envi, il déclare qu’il ne comprend pas l’interdiction de la prière de tarawih, ni même l’instauration d’un couvre-feu nocturne par les autorités pendant le mois de Ramadan. A contrario, il accuse d’électoralisme ceux qui diligentent les procès actuels contre les présidents de commune accusés de malversations.
Revenant sur le gouvernement de Sâad-Eddine El Othmani, Chabat estime qu’il faut prendre une loupe pour y déctecter la moindre compétence. De même, il fustige vivement les ministres «technocrates». Ce sont des compétences dont regorgent, selon lui, les partis qui bâtissent la vraie démocratie… à condition, ajoute-t-il, qu’on en finisse avec ces patrons de partis qui tiennent toujours à être ministrables avant les autres militants compétents.