Encore une sortie de Abdelilah Benkirane qui ne passe pas du côté du parti qui dirige le gouvernement, le Rassemblement national des indépendants (RNI). Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) s’est positionné contre l’augmentation des salaires des fonctionnaires, une position que les RNIstes croient motivée par autre chose que les raisons apparentes.
C’est Assabah qui s’intéresse à ce sujet dans son édition du lundi 16 mai, s’appuyant sur la réaction de Rachid Talbi Alami, l'un des leaders du RNI. En réponse à Abdelilah Benkirane, le RNIste a déclaré devant des partisans que l’ancien chef du gouvernement faisait des «insultes et des critiques» une nouvelle spécialité pour s’attaquer à ses rivaux politiques, au lieu d’être une source de propositions pratiques et de contribuer au développement du pays.
Toujours selon la même source, Rachid Talbi Alami considère que Abdelilah Benkirane pratique désormais la «Halqa», au moment où le RNI cherche des solutions concrètes pour développer l’économie nationale et améliorer la situation sociale des populations. Pendant ce temps-là, ajoute le politicien et ancien ministre, certaines parties (ndlr: allusion clairement faite au secrétaire général du PJD) jouent un jeu basé sur l’approche d'Abul Ala Maududi, théologien pakistanais fondamentaliste et fondateur du parti pakistanais Jamaat-e-Islami, qui tentait de faire du désordre une arme politique.
Pour Talbi Alami, ajoute Assabah, ce jeu est devenu clair, et le refus d'Abdelilah Benkirane et des siens de la hausse des salaires des fonctionnaires décidée dans le cadre du Dialogue social n’est pas motivé par des craintes concernant les finances de l’Etat. Il serait plutôt motivé par une volonté de créer une situation sociale tendue qui pourrait pousser à la multiplication des protestations sociales.
Pour enfoncer le clou et mettre encore plus à nu le jeu auquel s’adonne, selon lui, Abdelilah Benkirane, Rachid Talbi Alami a rappelé de précédentes déclarations de l’ancien chef du gouvernement lors de son premier mandat. Il avait ainsi déclaré que Aziz Akhannouch, président du RNI et actuel chef de l'Exécutif, était «quelqu’un de bien» qu’il souhaitait avoir dans sa formation gouvernementale. Aujourd’hui, il est devenu «quelqu’un qui ne convient pas à la gestion de la chose publique».
Notons que lors de la même rencontre durant laquelle se prononçait Rachid Talbi Alami, un autre leader du RNI, Mustapha Baitas, également ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec le Parlement, a tenu à souligner que l’actuel gouvernement avait réussi à institutionnaliser le dialogue social, contrairement à ses prédécesseurs (ndlr: le PJD).
C’est dire qu’on n’y va pas, chez le RNI, avec le dos de la cuillère pour répondre aux critiques parfois non justifiées qui émanent du PJD. Et cela n’est, semble-t-il, pas prêt de s’arrêter.