Dans un entretien avec Le360, Jaouad Ennouhi, professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de Rabat-Agdal a rappelé que le volet des investissements (publics et privés) représente un des quatre piliers du projet de loi de finances 2023 (PLF) dont une lettre de cadrage vient d’être adressée par le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, aux différents ministères.
Ce projet de loi, le premier que va élaborer et appliquer l’Exécutif après la conduite des affaires il y a neuf mois (le gouvernement a été nommé en octobre 2021 par le Roi), repose sur quatre piliers: la relance de l’économie, la justice territoriale, la maîtrise budgétaire et l’Etat social.
Après une année de crise, a indiqué cet analyste économique, cette prochaine loi des finances est donc appelée à refléter les engagements pris dans le programme d’investiture du gouvernement actuel dans lequel les investissements constituent un élément essentiel.
Il a rappelé que les investissements publics ont été, en 2022, de l’ordre de 245 milliards de dirhams avec un taux de réalisation de 80%, «mais la rentabilité de ces investissements est restée peu efficace», estime-t-il.
Le niveau des investissements privés et étrangers est demeuré «insuffisant avec moins de 30%». Actuellement, selon Jaouad Ennouhi, l’Exécutif a «une nouvelle vision avec la mise en œuvre d’une charte appelée à attirer plus d’investissements privés, étrangers et publics».
Pour y parvenir, a souligné le professeur des finances publiques, il faut impérativement «renforcer l’attractivité territoriale, l’amélioration du climat des affaires et apporter un soutien à l’investissement national».
Lire aussi : Marrakech: ouverture des travaux de la quatorzième édition du Sommet des affaires États-Unis-Afrique
Le climat des affaires évolue au Maroc, mais «d’une manière lente», a-t-il dit en citant une référence de Bank Al Maghrib de 2022 selon laquelle 58% des entreprises qualifient ce «climat de normal» alors que 32% le considèrent «d’inadapté».
L’amélioration du climat des affaires, d’après cet expert, doit «aussi passer par une réforme accélérée de l’administration (dont la justice, Ndlr), l’octroi d’incitations notamment fiscales et une attractivité territoriale».
Pour lui, «ce sont les Etats intelligents qui dynamisent leur économie en période de crise sachant que l’import du capital financier est fragile s’il ne jouit pas de garanties.
«Les fonds privés ne sont engagés que si des conditions sont pleinement remplies», a estimé Jaouad Ennouhi avant de conclure que le Maroc remplit certaines de ces conditions essentielles dont la stabilité politique, socio-économique et celle des institutions.