L’ouvrage de 183 pages met en exergue l’équilibre fragile de la région du Maghreb, accentué, entre autres, par la persistance du conflit factice autour du Sahara marocain et par les liens avérés entre les organisations terroristes sévissant au Sahel et l’entité fantoche du Front Polisario.
«De l’expansion de Daech au rôle des groupes mafieux, de l’activité du Front Polisario au retour des Touaregs aux armes, le désert du Sahara est devenu un carrefour de trafics d’armes, de drogues et d’êtres humains», soulignent en préambule les auteurs de l’ouvrage, intitulé Sahara: désert des groupes mafieux et de jihad.
«A travers ce livre nous voulons lever le voile sur l’ignorance, pour jeter la lumière sur une partie du monde qui nous est proche à nous Italiens, mais qui est entourée d’ombre à cause d’une information peu encline à raconter ce qui ne se prête pas à la mise en spectacle ou à la simplification», ont-ils fait remarquer.
Le livre se veut une compilation d’articles publiés depuis 2009, dans des tribunes internationales, régionales et italiennes, mettant notamment en relief la menace incarnée par le Polisario dans un contexte géostratégique mutant et dans une région en proie à des problèmes structurels et des facteurs latents de déstabilisation.
Ses auteurs s’attèlent, de prime à bord, à décrire la zone de non-droit de Tindouf abritant les camps des séparatistes et l’ensemble de la zone méridionale de l’Algérie, comme un nouvel Afghanistan (en évoquant les problèmes sécuritaires inhérents à la non-résolution du conflit) maintenu sous perfusion et artificiellement dans la région du Sahara. Ils mettent notamment en évidence les rapts récurrents de ressortissants occidentaux et italiens survenus, ces dernières années, au sein même des camps de Tindouf et les trafics de tous genres impliquant directement le Polisario et alimentant les caisses des séparatistes comme celles des groupes terroristes.
«La zone au sud du camp de Tindouf, en Algérie, sous contrôle du Front Polisario, est devenue un nouvel Afghanistan où la sécurité des étrangers est menacée», lit-on dans cet ouvrage qui indique que «désormais, toute la zone qui s’étend du sud de l’Algérie jusqu’au nord du Mali est [...] sous le contrôle d’Al-Qaida et des contrebandiers».
Le livre revient également sur le contexte géostratégique de la création du Polisario qui continue d’être, jusqu’à ce jour, une marionnette entre les mains des dirigeants algériens et offre au lecteur une analyse fouillée de la situation sécuritaire précaire au Mali et en Libye. Situation exacerbée par la présence d’une cohorte de groupes terroristes et criminels.
L’ouvrage fait état, en outre, du témoignage poignant du procureur national italien antimafia Franco Roberti qui dresse un tableau assez complet des accointances, dans la région sahélo-saharienne, entre les groupes narcojihadistes et les mafias internationales, mettant au grand jour l'implication du Polisario dans le narcotrafic.
Les auteurs de l’ouvrage ne manquent pas de mettre en relief l’effort consenti par le Maroc en matière de stabilisation de la région et la portée stratégique des actions du roi Mohammed VI en direction de pays africains et du Sahel. «Le Maroc est le dernier rempart de stabilité dans la région. Il lutte contre les séparatistes dans son Sahara, mais des parties cherchent à porter atteinte à son développement économique et à sa stabilité», ont-ils fait observer.
L’ouvrage est coécrit par Massimiliano Boccolini, journaliste, universitaire et auteur de plusieurs livres dont La vie du prophète Mohammed et L’Islam à Naples, et Alessio Postiglione, ex-magistrat, journaliste, universitaire et militant de la gauche italienne ayant entretenu par le passé de fortes affinités avec le Polisario. Postiglione écrit des articles de presse et collabore avec le premier quotidien italien La Repubblica.