Le président de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), Ahmed El Haij, a reçu la semaine dernière une correspondance du président de la Cour des comptes, Driss Jettou, dans laquelle il lui demande de fournir un rapport détaillé sur les financements nationaux et étrangers de l’Association et les modalités d’utilisation de ces fonds depuis 2009, fait savoir Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce vendredi 13 mars.
Même si ce procédé est légal eu égard aux dispositions du code des juridictions financières et la circulaire du Chef de gouvernement 2/2014 (relative au contrôle des magistrats de la Cour des comptes de la gestion des fonds publics des associations de la société civile), son timing suscite plusieurs interrogations après que le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a accusé l’AMDH de recevoir 6 millions de dirhams par an de fonds étrangers, estime la publication.
Une source citée par le journal a écarté l’éventualité que la Cour des comptes agisse suite à des instructions ou à un agenda politique, tout en reconnaissant que bien que légale, cette mesure coïncide avec un contexte politique particulier. Et d’ajouter que la correspondance de la Cour des comptes est une mesure routinière, soulignant que le fait que la Cour a demandé un rapport financier sur les six dernières années et n’a pas dépêché ses magistrats sur les lieux comme stipulé par le code des tribunaux financiers, bat entièrement en brèche tout calcul politique. Il s’agit d’un procédé normal mais qui a ciblé uniquement l’AMDH, a-t-il toutefois fait remarquer, laissant entendre que le contrôle portera également sur plusieurs autres associations. Jettou a effectivement lancé un projet pour établir un rapport global sur le financement des associations au Maroc.
La réaction de l’AMDH n’a pas tardé à venir. Son président a affirmé que l’association ne s’oppose nullement au contrôle juridique de sa situation financière, faisant savoir que l’ONG présente régulièrement des rapports sur sa comptabilité au Secrétariat général du gouvernement et à la Direction des impôts. Il a néanmoins exprimé ses craintes que les institutions constitutionnelles ne soient exploitées à des fins politiques. «Nous souhaitons que le but de l’audit ne soit pas de chercher des erreurs pour confirmer les accusations du ministre de l’Intérieur», a averti El Haij, cité par la publication.