La nouvelle a fait, en ce sombre dimanche 25 janvier, l’effet d’un coup de tonnerre. Un membre dirigeant de Jund Al Khilafa est tombé à Béni Drar, à Oujda. Un véritable coup de maître qui porte la signature des services du contre-espionnage marocain, la DGST, d’autant plus que le «butin», ô combien utile pour démêler l’écheveau de ce sanguinaire groupe terroriste né dans les monts escarpés de la Kabilye, est à l’origine de la décapitation du ressortissant français Hervé Gourdel, pas plus tard que le 24 septembre 2014. Un communiqué du ministère de l’Intérieur annonce que ce terroriste, dont l’identité a été gardée secrète pour les besoins d'enquête, avait pour «mission» de rallier des marocains imprégnés d’idéologie extrémiste au sinistre projet des soi-disant «Soldats d’Abou Bakr Al-Baghdadi» contre le Maghreb arabe et l’Europe. Remarquez bien que ce terroriste a passé la frontière algérienne, au nez et à la barbe de l’armée algérienne qui n’a d’yeux que pour les pauvres bergers marocains! Comble du ridicule, quelques jours avant l’arrestation spectaculaire du « soldat d’Al Khilafa », à Ahfir, les autorités algériennes annonçaient en grande en pompe la découverte de la dépouille de la victime française tragique dont la tête a été coupée en ce 24 septembre 2014 de macabre mémoire. Pour les auteurs de ce crime crapuleux, les «Jund Al Khilafa» de sinistre réputation, repassez pour l’An 2030 ! Mais passons, car l’heure est grave. «L’Algérie est une base d’entraînement militaire pour Jund Al Khilafa», titre Assabah, dans son édition de ce vendredi 30 janvier. Rien que ça ! Que dire aussi d’AQMI, al-Qaïda au Maghreb islamique, dont ces mêmes Jund Al Khilafa d’Abdelmalek Gouri ont fait scission le 14 septembre 2014 pour prêter allégeance au présumé «Etat islamique» en Irak et en Syrie ? Que dire aussi des «Ensar Eddine», ce produit pur jus du fameux Département algérien du renseignement et de la sécurité, DRS ? Ces soi-disant «Ensar Eddine», dont le chef, Lyad Ag Ghali, était un fidèle habitué de Tindouf et un ami de longue date du chef du Polisario Mohamed Abdelaziz ? Curieusement, ce sont ces mêmes «Ansar Eddine» financés et armés par le renseignement militaire algérien qui ont forcé, en ce triste 2013, les portes de Bamako, au Mali, au grand mépris des rapports de «bon voisinage» dont l’Algérie d’Abdelaziz Bouteflika aime tant à se gargariser.
L’Algérie, QG de la nébuleuse terroriste
Tout bien considéré, l’Algérie qui prétend être « en pointe » dans le combat antiterroriste est devenue paradoxalement le point d’aimantation de ce même terrorisme. Un paradoxe que vient de mettre en évidence l’attaque terroriste perpétrée, le 7 janvier, par les frères algériens, Saïd et Chérif Kouachi, contre le siège parisien du journal Charlie Hebdo, suivi de la fusillade mortelle de Montrouge, puis la sanglante prise d’otages signée Amédi Koulibali, dont les liens avec les terroristes algériens ne sont pas à démontrer. Les services français ont découvert, sur le tard malheureusement, que ce Koulibali, d’origine malienne, était, avec les frères Kouachi, un disciple de Jamel Baghal, à l’origine de l’attentat avorté en 2011 contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Ce même Koulibali est cité dans un projet pour faire évader un ancien membre du Groupe islamique armé algérien (GIA), Smaïn Aït Ali Belkacem, condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour son implication dans la vague d’attentats commis dans le RER à Paris en 1995.
Voyez, on pourrait allonger cette liste noire algérienne mais abrégeons : l’arrestation, à Béni Drar, du membre du dirigeant de « Jund Al Khilafa » appelle au moins une remarque. Mais que fait l’Algérie finalement pour lutter contre le terrorisme ? Comment peut-elle prétendre s’associer aux efforts internationaux contre cet «ennemi commun» alors qu’elle offre un terreau propice à la poussée des jihadistes et des extrémistes de tous poils ?