La justice espagnole sera mise à l’épreuve dans quelques semaines. Les autorités judiciaires du voisin ibérique vont-elles arrêter le chef de file du Polisario, Brahim Ghali, et poursuivre son procès, ou vont-elles classer son dossier? On saura la réponse dans quelques semaines. En effet, le président de la pseudo-RASD devrait se rendre en Espagne pour participer, les 18 et 19 novembre, à une conférence organisée à Barcelone par la «Coordination européenne pour la solidarité avec les Sahrouis de Tindouf», rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 3 octobre. La participation du chef du Polisario à cette manifestation a d’ailleurs déjà été confirmée, affirme le journal qui cite des sources dans les camps de Tindouf.
Cette présence interpelle avant tout la justice espagnole qui avait lancé, par le passé, un mandat d’arrêt contre l’ancien représentant du Polisario à Madrid. En effetr, celui-ci avait été poursuivi, avec d’autres dirigeants du Front, pour viol, torture et traitements inhumains. Ainsi, et vers la fin de son séjour en Espagne, entre 1999 et 2008, en tant que représentant du Polisario auprès de ce pays, il a fait l’objet de deux procès qui lui ont été intentés par des Sahraouis auprès de l’Audience nationale, la plus haute juridiction espagnole. D’un côté, une jeune fille poursuit Brahim Ghali pour viol et mauvais traitement. De l’autre, d’anciens prisonniers sahraouis ont porté plainte contre lui pour torture et traitements inhumains. Brahim Ghali n’a toujours pas répondu de ces accusations devant la justice espagnole, puisqu’il avait quitté l’Espagne en catastrophe pour aller se réfugier en Algérie où il a officié comme représentant le Polisario jusqu’à sa nomination à la tête du Front.
C’est d’ailleurs la première fois qu’un procès était intenté aux responsables du Polisario, dont Brahim Ghali qui était "ministre de la Défense" au moment des faits, pour crime contre l’humanité. Les victimes ont été entendues par l’Audience nationale, également habilitée à statuer sur des crimes à caractère international. Elles ont ainsi témoigné des atrocités et des violations graves des Droits de l'Homme commises dans les camps de Tindouf par les milices du Polisario. Par la suite, les victimes ont été invitées à se faire ausculter par un médecin spécialisé, désigné par cette juridiction, qui a effectivement constaté des traces de torture et de sévices.
Il est à rappeler que le juge de l'Audience nationale, Pablo Ruz, avait accepté la plainte, déposée le 14 décembre 2007, contre des dirigeants du Polisario et des officiers de la sécurité et de l'armée algériennes, pour «génocide, torture, disparitions forcées, détention illégale et violations graves des Droits de l'Homme».