Le quotidien Assabah a publié, dans son édition du mercredi 27 octobre, une longue interview avec le ministre de la Santé et la protection sociale, Khalid Aït Taleb. Interpellé sur ce qui peut paraître comme une contradiction de sa part, lorsqu’il affirme que la vaccination dépend du libre choix de chacun, mais que le pass vaccinal est obligatoire dans les lieux publics, Aït Taleb donne une explication on ne peut plus claire. Selon lui, si les 5 millions de Marocains non encore vaccinés ou n’ayant pris qu’une seule dose persistent dans leur refus de respecter le protocole vaccinal, le Maroc risque, n’en déplaise à Dieu, de revenir au point zéro, c’est-à-dire au point culminant de la pandémie.
Et de rappeler que la campagne de vaccination, qui a été rapidement lancée grâce à l’anticipation et instructions royales, a permis au Maroc d’éviter le pire et d’atteindre à ce jour un taux de 65% d’immunité collective.
Mais AÎt Taleb tient à expliquer mordicus que le Royaume n’est pas encore sorti de la zone rouge et que son salut dépend de la prise de conscience, par les personnes non encore vaccinées, du fait qu’elles constituent un danger non seulement pour leurs familles, mais pour toute la collectivité nationale.
Et d’ajouter que "ces non-vaccinés, et ceux qui les soutiennent pour des raisons inexplicables, doivent aussi prendre conscience que le Maroc a dépensé 6,79 milliards de dirhams en quelques mois, rien que pour s’approvisionner en vaccins en vue de juguler totalement la pandémie. Or, cet effort colossal risque de partir en fumée si les personnes non-vaccinées persistent dans leur refus de prendre une ou deux doses", précise le ministre.
Aït Taleb a également incité les non-vaccinés à ne pas se laisser berner par les anti-vaccins, car les rares sceptiques parmi le corps médical et pharmaceutique qui ont nié l’efficacité du vaccin sans la moindre preuve scientifique, l’ont certainement fait par intérêt ou par ignorance, avant de se rétracter pour la plupart.
Face aux cas de complications suite à la prise de certains vaccins, Aït Taleb a donné le cas de la suspension provisoire du vaccin Pfizer, suite à des complications avérées chez deux personnes. Le ministre a également appelé les citoyens qui disposent déjà d’un pass vaccinal de passer à la 3e dose, qui doit être absolument administrée six mois après la seconde.
Par ailleurs, le ministre s’est expliqué sur de nombreux problèmes soulevés par les acteurs relevant de son département. Ainsi, le refus d’accorder à certains pharmacies la possibilité de faire des tests rapides anti-Covid se justifie par la nécessité de respecter scrupuleusement le protocole sanitaire élaboré en la matière et éviter ainsi tout dérapage.
De même sur la sempiternelle question de l’inégalité (des salaires) entre les medécins du privé et ceux du public, Aït Taleb a expliqué que la valorisation des salaires dans les hôpitaux publics est en cours, mais qu’en cette période de pandémie, la dichotomie public-privé a disparu, même si les anasthésistes-réanimateurs, très sollicités par les malades du Covid, sont quasiment trois fois plus nombreux dans le secteur privé. Il a également défendu le travail de la Direction des médicaments relevant de son département, en affirmant que celle-ci a été visée par des lobbys à cause justement de ses méthodes de travail basées sur la transparence et l’efficacité.
Bien évidemment, le ministre a été questionné sur son rapide retour au gouvernement, une semaine seulement après la passation de pouvoirs entre lui et sa remplaçante, Nabila Rmili. Aït Talib a affirmé qu’il a été très touché et très ému par le renouvellement de la confiance royale, et qu'il a été rappelé pour continuer dans sa dynamique de lutte contre la pandémie et de réforme du secteur de la santé.