L’affaire de l’un des derniers détenus de la prison de sinistre mémoire Guantanamo revient au-devant de la scène médiatique internationale. Annoncée pour juin dernier, son extradition vers le Maroc n’a finalement eu lieu que mercredi 16 septembre dernier. Mais cette extradition est loin d’être la fin des tribulations de ce jihadiste détenu dans la foulée des frappes anti-Al-Qaïda menées par les Etats-Unis en Afghanistan, au lendemain des attentats ayant secoué New-York en ce noir 11 septembre 2001.
Son extradition, 15 ans après son arrestation en Afghanistan, remet ainsi sous les feux de l’actualité l’étrange parcours de ce jeune Safiote qui rêvait de poursuivre ses études en Europe, avant de dévier vers le Pakistan en 1990, sous l’influence du mouvement Jamaat at-Tabligh.
Cette affaire fait la une d’Al Massae, qui revient, dans son édition du week-end, sur l’enquête ouverte par la BNPJ avec cet ex-détenu au parcours complexe. «La BNPJ enquête avec le dernier des Marocains de Guantanamo», titre le quotidien, relevant que l’extradition du mis en cause par les autorités américaines s’est faite dans la discrétion la plus totale.
«Les autorités américaines ont extradé Younès Chekkouri sans l’annoncer, idem pour les autorités marocaines qui n’ont diffusé aucun communiqué à ce sujet», relève Al Massae, précisant toutefois que sa famille a été avisée de son placement en garde à vue dans les locaux de la BNPJ de Casablanca.
Contacté par Al Massae, l’avocat de l’ex-pensionnaire de Guantanamo, Khalil Idrissi, a déploré ne pas avoir été informé de l’extradition de son client, quand bien même une ONG britannique avait visité le Maroc en mai dernier et rencontré le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, pour lui signifier que Younès Chakkouri avait des avocats en charge de sa défense auprès des autorités judiciaires américaines.
L’avocat a, par ailleurs, estimé que l’extradition de Chekkouri est intervenue après que les autorités américaines se soient rendus compte que ce dernier ne constituait aucune menace pour la sécurité nationale américaine.
A cet effet, la défense révèle avoir envoyé une lettre au procureur général du roi près la cour d’appel de Rabat pour lui permettre de rendre visite à son client dans les locaux de la BNPJ à Casablanca.
Arrêté en 2001 au Pakistan, Abderrahmane Chekkouri était accusé d’être un «proche associé» de l’ex-chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, tué lors du raid américain de 2011 au Pakistan. Accusation qu’il a toujours rejetée.
Seulement voilà, Abderrahmane Chekkouri, 46 ans, originaire de Safi, est soupçonné par les services nationaux d’avoir contribué à la formation du Groupe islamiste combattant marocain (GICM), affilié à Al-Qaïda. C’est vraisemblablement l’objet principal de l’enquête ouverte avec lui par les services de la BNPJ.