La présentation du rapport du SG de l'ONU sur le Sahara a lieu ce vendredi 7 avril devant le Conseil de sécurité. Elle intervient à un moment où les esprits des 15 membres du Conseil de sécurité, permanents et non permanents, sont plutôt occupés par l'escalade survenue sur le théâtre syrien et qui pourrait dégénérer en crise majeure entre les deux grandes puissances mondiales que sont les Etats-Unis d'Amérique et la République fédérale de Russie.
Un enchaînement d’événements rapides qui vient en effet remettre sur la table du Conseil de sécurité la crise qui secoue ce pays depuis déjà six ans. La frappe ciblée menée par l’US Navy, dans la nuit de jeudi à vendredi, contre une base de l'armée de Bachar Al Assad, suite à l'attaque chimique perpétrée mardi par l'aviation syrienne contre la localité de Khan Shaikhoun, faisant 86 morts, dont 27 morts, a été dénoncée comme "une agression contre un Etat souverain" par le président russe Vladimir Poutine.
Ces événements risquent donc de placer au second plan les réunions marathons prévues en ce mois d'avril au Conseil de sécurité, dont la présidence est d'ailleurs assurée par les Etats-Unis, via sa représentante permanente Nikki Halley.
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En effet, ces développements ne manqueront pas de chambouler l’ordre des priorités au Conseil de sécurité, remettant à l'ordre du jour la crise syrienne et le différend russo-américain sur l'issue à donner à un conflit où s'imbriquent des enjeux à la fois régionaux et internationaux.
La question du Sahara était «importante» au mois d’avril dans l’agenda du Conseil de sécurité
Alger et le Polisario qui comptaient sur la réunion d’avril du Conseil de sécurité pour remettre sur le devant de l'actualité le conflit autour du Sahara marocain seront certainement desservis. Le ballet effectué par une délégation du Polisario du côté de la Grande-Bretagne et de l’Italie, après la Russie, n’a d’ailleurs donné lieu à aucun résultat.
Pas plus que l’entrevue qui a eu lieu à la mi-mars à New York entre le chef du Polisario, Brahim Ghali, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Une entrevue durant laquelle le chef du front séparatiste, poursuivi par le juge José de la Mata de l’Audience nationale -la plus haute juridiction en Espagne, pour crimes de guerre-, s’est vu sermonner par le SG de l’ONU concernant son refus de retirer ses éléments armés de la zone tampon dans les environs de Guerguerat.
Un refus qui a été dicté par Alger dans l'objectif prémédité de maintenir la tension dans cette région censée être démilitarisée en vertu de l'accord de cessez-le-feu signé le 6 octobre 1991, malgré l'appel à l'apaisement adressé par le SG de l'ONU et son injonction au Polisario de "ne pas entraver le trafic commercial régulier" dans cette zone tampon.
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Pour rappel, le Maroc avait interagi positivement avec l'appel du SG de l'ONU en décidant un retrait unilatéral de Guerguerat, le 26 février. Le Polisario a quant à lui décidé de maintenir ses éléments armés dans cette zone vitale pour le trafic terrestre entre le royaume et les pays d'Afrique subsaharienne.
Une tension inutile que le Polisario tente vainement aujourd'hui d'édulcorer par le biais d'un ballet diplomatique en Russie, en Grande-Bretagne et en Italie; pays dont il est chaque fois revenu les mains vides. Les derniers développements en Syrie viennent accentuer l'isolement de ce front séparatiste, qui pariait avec Alger sur l'échéance d'avril pour tenter de se rappeler au souvenir du Conseil de sécurité qui a plutôt l'esprit ailleurs.