A mesure que s’approchent les échéances de 2021, la carte politique change de contours. Face à un RNI descendu tôt sur le terrain à la rencontre des citoyens, le PAM s'occupe de sa réorganisation interne. Pendant ce temps, l’Istiqlal et l’USFP entament un rapprochement timide, alors que le PJD décide de s’en remettre à son bras idéologique et néanmoins réservoir électoral, le Mouvement unicité et réforme (MUR). Ainsi, d’après le quotidien Al Akhbar qui dresse un tableau actualisé de l’échiquier politique dans son édition du lundi 13 janvier, ces changements pourraient donner lieu à des alliances électorales surprenantes. Le quotidien cite d’ailleurs le cas de la coalition du PJD et du PAM à la tête de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Sur le terrain, le RNI est très présent, depuis novembre dernier, à travers une large campagne de communication qu’il a baptisée «100 jours, 100 villes». Ses adversaires, affirme Al Akhbar, parlent déjà d’une campagne électorale avant terme. Pour le RNI, cette campagne, qui va s’étaler jusqu’à juillet 2020, a pour seul but d’associer les citoyens de chaque ville à la formulation de recommandations relatives aux prestations publiques de qualité, particulièrement dans les secteurs de la santé, de l’enseignement, de l’emploi et dans d’autres secteurs d’activité tels que l’investissement, le développement économique ou le développement durable.
D’après son président, cela permettra au RNI de changer radicalement sa manière de prendre les décisions. Tout en refusant de parler de campagne électorale, il a invité les autres partis à faire de même. «Nous n’y voyons aucun problème, du moment qu’il est question de l’intérêt du citoyens», a-t-il affirmé en relevant que «les élections sont encore trop loin». Mais ses adversaires politiques ne le voient pas de cet œil.Le PJD s’est particulièrement intéressé au volet financier de cette initiative. A défaut d’autres arguments, Abdellah Bouanou, dirigeant du parti islamiste, a ainsi pris sa calculette: 5.500 tables, dix personnes par table à raison d’un budget de 5.000 dirhams par table, cela fait pas moins de 250 millions de dirhams. Et de se demander où le parti a donc pu trouver tout cet argent, tout en précisant que ce montant correspond exactement à l’enveloppe des aides publiques accordées chaque année à l’ensemble des partis politiques. Des critiques que le RNI balaie d’un revers de main.
Pendant ce temps, et après une année de guerres intestines, le PAM semble se remettre de ses crises. L’approche des élections y est sans doute pour quelque chose. Les deux clans adverses ont finalement décidé d’aller ensemble et unis au congrès qui se tiendra début février. Cela a pris du temps, mais ses détracteurs ont fini par faire comprendre au secrétaire général sortant qu’il était temps de passer le témoin. Le quotidien est largement revenu sur les péripéties de cette lente réconciliation, au demeurant salvatrice puisqu'elle permettra au parti d’organiser son quatrième congrès dans un climat plus sain.
Alors que les deux clans du PAM se retrouvent, l’Istiqlal, l’USFP et le PPS tentent de faire ressusciter la fameuse «koutla». Le départ du PPS à l’opposition et la rupture définitive de son alliance hors norme avec le PJD ont vite donné lieu à un rapprochement, certes timide mais réel, entre ce parti et l’Istiqlal. En même temps, note Al Akhbar, les signes ne trompent pas quant à un autre rapprochement, cette fois, entre l’Istiqlal et l’USFP. Le quotidien affirme d’ailleurs que les deux formations préparent actuellement une rencontre au niveau de leurs deux directions, rencontre qui aura lieu dans les jours à venir. Le rapprochement entre ces trois partis pourrait in fine donner lieu à la réactivation de la «koutla démocratique» qui serait ouverte, cette fois, à toutes les autres tendances de la gauche.
Face à ces mouvements sur l’échiquier politique, le PJD n’est pas resté bras croisés. Il s’est vite retourné vers son bras idéologique, le MUR, qui fait office, en même temps, de réservoir électoral. Depuis l’éviction de l’ancien secrétaire général du PJD, les deux entités, le parti et le mouvement, ont tenté de différencier leurs actions. Elles ont d’ailleurs décidé récemment d'effectuer une séparation de leurs organes dirigeants. Malgré cela, la relation entre le parti et son bras idéologique reste encore confuse. Le processus de prise de décision n’est toujours pas clairement identifié, note le quotidien en citant plusieurs observateurs. A tel point qu'il arrive que l’on ne sache plus qui du secrétariat général du PJD ou du bureau exécutif du MUR est derrière telle ou telle autre prise de position du parti.