Le projet de la légalisation thérapeutique du cannabis risque de provoquer une scission au sein du PJD, à quelques encablures des prochaines élections. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 3 mars, que le risque d’une implosion du parti est devenu très probable après l’intervention d’Abdelilah Benkirane sur ce dossier brûlant. Le leader des islamistes a, dans un engagement écrit à la main, menacé de geler son adhésion au parti si le secrétariat général adoptait le projet de loi sur la légalisation du cannabis. Mieux encore, poursuit-il, il quittera définitivement le parti si les parlementaires du PJD votent cette loi à la Chambre des représentants.
D’autres dirigeants risqueraient alors de présenter leur démission, à l’instar d’Abdelaziz El Omari et Driss El Azami, ou de geler leur adhésion, comme l’a fait Mokri Abouzaid, pour constituer un nouveau parti. La déclaration de Benkirane survient suite à l’annonce par Saâd-Eddine El Othmani de l’ordre du jour du Conseil du gouvernement, qui aura lieu jeudi, et où sera adopté le projet de loi précité. Lequel projet vise à légaliser le cannabis pour des usages médicaux, pharmaceutiques et industriels. Une légalisation, dit-on, qui coupera la route aux trafiquants de stupéfiants.
Le quotidien Assabah rapporte que les menaces de Benkirane ont suscité la colère des dirigeants et des ministres du PJD. Certains pensent que cette sortie tonitruante est beaucoup plus psychologique que politique, car l’homme n’a jamais digéré la façon dont il avait été évincé de la primature. C’est pour cela qu’il n’a jamais cessé de couper l’herbe sous le pied de ses «frères» et, surtout, de son ami El Othmani qui gère les actions gouvernementales et partisanes avec pragmatisme, loin de toute polémique politique stérile. Des dirigeants et des ministres du PJD ont souligné, sous couvert de l’anonymat, qu’ils respectaient Benkirane mais qu’ils étaient agacés par ses sorties intempestives basées sur de fausses données.
D’autant qu’il exerce actuellement une mainmise sur l'action partisane, tout en bafouant le conformisme politique. Un comportement qui a encouragé des membres du parti à s’attaquer, de manière indécente, à des dirigeants et des ministres. D’ailleurs, Saâd-Eddine El Othmani avait, lors de plusieurs meetings du parti, demandé aux militants de cesser d’accuser sans preuves et d’atteindre à la dignité des dirigeants et des ministres. Il faut rappeler que le PAM avait, en 2015, déposé une loi visant à légaliser le cannabis à usage thérapeutique et industriel. Mais le PJD s’y était opposé tant au niveau du Conseil du gouvernement que du Parlement.