La Mauritanie vient d’engager une guerre sur deux fronts. Au Nord, sa complicité, si ce n'est son implication directe, dans les récentes provocations du Polisario à l’encontre du Maroc, n’échappe plus à personne. Au Sud, des escarmouches provoquées aux frontières avec le Sénégal risquent de déboucher sur une guerre frontalière, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 15 décembre.
Selon le journal, la Mauritanie, pour justifier ce comportement hostile envers ses voisins, évoque la nécessité de sécuriser son territoire et de protéger ses ressources terrestres et maritimes contre ce qu’elle appelle «l’axe Paris-Rabat-Dakar». Ainsi, sur le plan économique, la Mauritanie vient de suspendre les activités de pêche des armateurs sénégalais dans les eaux territoriales mauritaniennes. La Mauritanie estime que les compensations versées par le Sénégal au titre d’un accord entre les deux pays, 250.000 euros pour 50.000 tonnes de poisson pêché annuellement, sont dérisoires. De même que ce pays vient de violer un autre accord relatif au pâturage qui le lie à son voisin de sud depuis 1974.
Des sources diplomatiques citées par le journal estiment que le moteur de ce comportement hostile des Mauritaniens n’est autre que le rapprochement entre le Maroc et le Sénégal. La Mauritanie estime ainsi que la cadence et la nature des projets stratégiques initiés par le Maroc, la France et le Sénégal représentent une atteinte à ses intérêts économiques. Entre autres intérêts concernés, ceux liés notamment au gisement gazier off shore découvert par la compagnie américaine Cosmos Energy sur les frontières maritimes entre les deux pays. Les deux pays s’étaient mis d’accord, au début, sur le partage de ces ressources. Mais depuis leur réévaluation à la hausse, nous assistons à une divergence d’opinions sur la question. Les ressources de gisement sont censées être exportées via le gazoduc Maroc-Nigeria. Cela arrive au moment où le Maroc et le Nigeria viennent justement de conclure un accord stratégique portant sur la réalisation de ce pipeline qui devrait bénéficier à tous les pays de la région et changer la structure de leur économie.
Sur le plan humain, les relations entre la Mauritanie et le Sénégal ne sont pas non plus reluisantes. Le Sénégal, suite à la signature d’un accord d’établissement avec son voisin du Nord, traite les ressortissants mauritaniens comme les siens, tandis que la Mauritanie, elle, impose des conditions drastiques aux Sénégalais résidant sur son territoire. En même temps, affirme le journal, des groupes de pression s’activent de part et d’autres des frontières pour envenimer la situation.