"Quelle mouche a piqué les autorités algériennes qui sont revenues à la charge pour fixer des conditions unilatérales à l’ouverture des frontières terrestres ? La plus irréaliste d’entre elles, c’est de demander au peuple marocain de respecter leur position alors qu’elles soutiennent une poignée de séparatistes au détriment de toute une nation", a déclaré au Le360 samedi une source gouvernementale ayant requis l’anonymat.
"Les règles de bon voisinage, l'exigence de coopération et le droit des citoyens à la circulation sont des valeurs internationales qui ne sauraient être conditionnées, de surcroît par des artifices politiques injustifiés", a indiqué plus tôt dans la journée, le ministère marocain des Affaires étrangères en réaction à une nouvelle sortie du département du chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci. L’Algérie a confirmé vendredi dans sa sortie hasardeuse l’une des trois conditions infondées, et qui consiste à amener Maroc à respecter sa position sur la question du Sahara, qui est pourtant une "cause sacrée pour l’ensemble du peuple marocain.
L'Algérie renie ses engagements
"L’acceptation de découpler les relations bilatérales de l'évolution du dossier du Sahara marocain n'a jamais signifié une obligation pour le Maroc de s'aligner sur la position algérienne, ni d'occulter des éléments objectifs de ce différend régional", a tenu à souligner le Maroc dans sa nouvelle mise au point. Le Maroc accuse, en effet, l’Algérie de renier ses engagements notamment en ce qui concerne l’amélioration du climat politique à travers les échanges de délégations et de ministres.
"Pour le peuple marocain unanime et l'ensemble de ses forces vives, l'Algérie est bel et bien partie prenante de ce différend artificiel", poursuit le communiqué du département d’El Othamni. Et de préciser que "sa responsabilité historique et actuelle, son implication diplomatique, sa mobilisation politique et institutionnelle ainsi que sa responsabilité humanitaire sont bien établies à ce sujet".
Lecture croisée
Mohamed Zidouh, observateur politique, estime que "l’Algérie est désorientée car le Maroc est en train de gagner sur la scène diplomatique la légitimité de la marocanité du Sahara". Ce pays est "jaloux parce que le royaume, démuni de ressources pétrolières se développe pourtant économiquement et socialement, d’une rapidité qui le gène. Il n’a pas la volonté de normaliser ses relations avec le Maroc", a-t-il souligné en mettant en exergue la "stabilité dont jouit le Maroc sous la conduite éclairée de son souverain".
Dans sa réaction, Rabat a rappelé à Alger que "l'insistance sur la prétendue campagne de dénigrement qui serait menée par des responsables politiques, des représentants des médias ou des ONG est révélatrice de cette approche déphasée. Il s'agit là du droit garanti à tous, à la liberté d'expression et d'opinion, particulièrement sur les questions fondamentales du pays".
A propos du "développement de trafics", le Maroc estime que cette question devrait justifier une "coopération fructueuse entre les autorités des deux pays, plutôt que sa transformation en condition et préalable". Pour le politologue, Mohamed Darif, cette double sortie de l’Algérie révèle deux aspects positifs pour le Maroc. "Alger a clarifié sa position selon laquelle elle n’a jamais été neutre. Elle donne raison au Maroc qui considère que l’origine du problème du Sahara c’est l’Algérie", affirme-t-il Darif dans une déclaration au Le360.
La position algérienne, via sa double réaction, a ajouté le politologue, "crédibilise la nouvelle conviction de Ban Ki Mon, secrétaire général de l’ONU, et son envoyé spécial, Christopher Ross qui estiment que le règlement de la question du Sahara doit passe inéluctablement par l’amélioration des relations entre les deux pays".
"Sur les sacrifices du peuple marocain pour l’indépendance de l’Algérie, l’histoire ne compte pas pour ce pays", a estimé Darif invitant le Maroc à ne plus réclamer dorénavant l’ouverture des frontières. "L’Algérie est claire dans ses positions. Nous... on doit être plus clairs", a-t-il avancé. Un autre politologue, Abderrahim Manar Salim, estime que les trois conditions de l’Algérie sont "une fuite en avant et un comportement anormal qui ramène au 19ème siècle". "Depuis six ans, le Maroc propose et prend des initiatives pour améliorer les relations, mais l’Algérie a toujours fait la sourde oreille. Elle revient maintenant à la guerre froide", a-t-il affirmé samedi soir dans une déclaration relayée par 2M.
Sur le trafic de drogue, Manar Salim invite l’Algérie à balayer d’abord devant sa porte car le Maroc lui-même fait "face à un trafic de drogue dure en provenance de ce pays, plus dévastateur". Pour le kif, rappelle-t-il, les organisations mondiales ont reconnu les efforts soutenus que déploient le Maroc pour lutter contre drogue douce.