«La retraite des parlementaires ne se limite qu’à deux sous». C’est cette formule prononcée par la secrétaire d’Etat chargée de l’eau dans le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani, Charafat Afilal, lors d’une émission télévisée, qui avait provoqué la polémique sur les réseaux sociaux et suscité l’indignation de l’opinion publique, avant que la question ne prenne le chemin de l’Hémicycle quelques mois plus tard.
Car ce n’est qu’en septembre 2017 que l’institution législative a été saisie officiellement par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), l’informant que la caisse gérant les retraites des députés ne disposait que de 300.000 dirhams et lui annonçant la suspension de versement des pensions. Cette bombe mettra le nouveau président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, devant une problématique complexe.
Dès ses premiers jours au Perchoir, le président usfpiste a été interpellé par la coordination des anciens parlementaires, qui l’avait menacé de porter l’affaire devant la justice administrative de Rabat et d’organiser des manifestations de colère devant le siège de l’institution législative, rapporte le quotidien Al Ahdath dans son édition du week-end des 3 et 4 mars.
Ainsi, au moment où les anciens parlementaires sont montés au créneau pour protester, ceux qui étaient encore en exercice n’ont pas pu coordonner leurs actions en vue de trouver une formule appropriée pour sauver le navire. Les uns défendaient la thèse selon laquelle la retraite des parlementaires était méritée, dans la mesure où la caisse les gérant ponctionnait la somme de 5800 dirhams sur le salaire de chaque membre et que la Chambre des représentants versait l’équivalent de la même somme durant plusieurs mandats. L’autre camp, celui du PJD, demandait la suppression pure et simple de ces retraites, en raison de la faillite de la caisse qui les gère.
Un projet de loi a donc été déposé dans ce sens, poursuit le quotidien qui a réservé un dossier spécial à cette problématique. Cette approche a même été soutenue par Saâd-Eddine El Othmani, qui avait annoncé que le gouvernement ne versait rien pour alimenter la caisse des retraites des parlementaires. La question est alors sortie des murs du siège de l’Hémicycle pour atteindre les états-majors des partis politiques composant la coalition gouvernementale. Ainsi, le PJD a demandé la suppression des retraites alors que ses autres alliés proposaient des réformes.
Du coup, une crise a éclaté au sein de la coalition gouvernementale. Il a fallu de sinueux débats pour que le secrétariat général du gouvernement accepte de geler son projet de suppression des retraites pour ouvrir la voie à une réforme. Les deux parties en sont donc à ce stade. Le chantier n’est pas encore lancé. Et les débats autour de cette nouvelle réforme s’annoncent du moins houleux.