Les préparatifs vont bon train pour hisser au plus haut point le niveau de coopération militaire entre les Forces armées royales et la 6ème armée du monde en effectifs (TSK, Forces armées turques). Cette révélation vient d’être faite par des sources diplomatiques turques, rapporte Al Massae, dans son édition de ce week-end. «Des diplomates turques dévoilent la décision des autorités d’Ankara d’intensifier la coopération avec le Maroc dans le domaine militaire et de la défense pour constituer un bloc uni contre les menaces croissantes planant sur la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord», indique le quotidien, en précisant que cette nouvelle orientation turque intervient «après l’échec de la coopération militaire entre la Turquie de Tayyip Recep Erdogan et l’Egypte d’Abdelfettah Sissi». Selon des sources militaires turques, relayées par Al Massae, «Ankara avait été déçue du niveau de sa coopération avec Le Caire, qui s’est beaucoup dégradé après le putsch militaire mené par l’ex-maréchal Sissi contre l’ancien président égyptien Mohamed Morsi». Une dégradation qui a atteint des sommets lors de la dernière assemblée générale de l’ONU, marquée par un discours incendiaire prononcé, à la tribune onusienne, par le président turque à l’encontre de son homologue égyptien Abdelfettah Sissi qualifié de «putschiste».
Les faux pas de l’ex-maréchal Sissi
Du côté du royaume, la discrétion sur le «cas Sissi» reste de mise. N’empêche, le rapprochement de l’ex-maréchal égyptien avec Alger, combiné à cette féroce et néanmoins gratuite campagne anti-marocaine menée tambour battant par les médias égyptiens, n’est pas vu d’un bon œil. La visite du président Sissi au Maroc, annoncée pour la mi-octobre dernier, n’a d’ailleurs pas eu lieu, laissant planer le grand flou artistique sur les intentions de la «nouvelle Egypte». C’est dans ce contexte qu’intervient donc l’offre turque. Quand à cela, il faut ajouter cette chape de plomb terroriste qui s’abat sur la région du Moyen-Orient et une partie de l’Afrique du Nord, l’on imagine bien pourquoi Ankara veille, aujourd’hui plus que tout autre temps, à diversifier sa coopération en lorgnant vers les Forces armées royales (FAR), considérées par le dernier rapport du Sénat français comme étant «la seule armée professionnelle à l’échelle de l’Afrique du Nord». Les contours de cette nouvelle tendance turque se dessinaient dès l’année 2013, marquée par la visite, à Rabat, du ministre turc de la Défense pour prendre part aux travaux du 2ème congrès ministériel régional sur «la sécurité des frontières», rappelle Al Massae. «Lors de cette visite, le ministre délégué auprès du Chef du gouvernement turc chargé de la Défense a exprimé à son homologue marocain, Abdellatif Loudiyi, la satisfaction de son pays quant au niveau de la coopération bilatérale dans le domaine de la défense», souligne le quotidien.
Maroc-Turquie, un rapport «gagnant-gagnant»
Face à ce nouveau développement militaire, surgit la question : à qui profiterait cette coopération militaire ? Bien entendu, le royaume a beaucoup à donner compte tenu du professionnalisme de son armée, rodée et érodée par tant d’années de pratique des techniques de guérilla, aguerrie par ses brillantes participations dans les missions onusiennes de maintien de la paix à travers le monde, sans compter le rôle avant-gardiste du renseignement marocain dans la lutte antiterroriste et ce programme ambitieux lancé, depuis au moins une quinzaine d’années, par le royaume pour moderniser sa flotte navale, ses armées de terre et de l’air.
Côté turc, faut-il attendre un retour d’ascenseur ? Bien sûr, d’autant plus que les TSK sont classées 6èmes à l’échelle mondiale et 2èmes en termes d’effectifs après les Etats-Unis dans le cadre de l’Organisation de l’Atlantique du Nord (OTAN). La Turquie cherche d’ailleurs à promouvoir sa disposition et coopérer dans le cadre de la recherche scientifique et du développement technologique militaire, par le biais notamment de sa société «FNSS», spécialisée dans l’industrie militaire. En somme, les deux pays ont beaucoup à gagner.