Le roi Mohammed VI a reçu, vendredi 20 septembre, le chef du gouvernement après une série de rencontres que ce dernier avait tenues avec les chefs de partis de la majorité. D’après un communiqué du Cabinet royal, «le souverain s'est informé auprès du chef du gouvernement de l'état d'avancement de la mise en œuvre des orientations royales telles que contenues dans le discours du Trône de 2019». Le communiqué n’a pas évoqué les détails de cette audience et s’est contenté de rappeler que les instructions royales en question portaient sur la soumission au souverain «de propositions de renouvellement et d'enrichissement des postes de responsabilité, tant au sein du gouvernement que de l'administration».
Cette audience, précise le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du lundi 23 septembre, intervient 50 jours après le discours du Trône et 20 jours avant l’expiration du délai accordé au chef du gouvernement pour remplir sa mission. Pour certains, explique le quotidien, cette audience constitue un acte constitutionnel normal. Le chef du gouvernement vient en effet de boucler la première étape de ses tractations et les chefs de file de la majorité se sont mis d’accord sur l’architecture du futur gouvernement. Suite à quoi El Othmani a soumis les résultats de cette première étape au Cabinet royal. D’où cette audience royale. La démarche est donc parfaitement constitutionnelle.
Cependant, l’audience royale a été interprétée par d’autres comme une évaluation politique, au-delà de la Constitution, du processus mené par le chef du gouvernement. On aurait même décelé dans cette audience un mécontentement ou, tout du moins, une insatisfaction royale face au retard pris dans cette mission. Mission qui consiste dans le renouvellement des postes de responsabilité non seulement au gouvernement, mais aussi dans l’Administration, qui est la partie la plus importante.
Pour une troisième catégorie d'observateurs, poursuit le journal, cette audience royale sonne comme un avertissement franc au chef du gouvernement pour le retard qu’il a pris dans ses tractations. Pour ces analystes, la dimension «Administration» est complètement absente de la démarche du chef du gouvernement. D’où cette initiative au ton, à la fois, d’encouragement et d’avertissement, eu égard au facteur temps. Le temps presse, en effet, étant donné que la deadline fixée, soit la rentrée parlementaire, s’approche rapidement.
Pour le quotidien Al Akhbar, qui aborde également ce sujet dans son édition du même jour, il s’agit bel et bien d’un «carton jaune». Le chef du gouvernement, souligne le journal, a pris beaucoup de retard dans ses tractations sans arriver à un accord avec ses partenaires. Citant des sources de la majorité, Al Akhbar relève que le chef du gouvernement est le seul responsable, avec son parti, de ce retard. Les négociations auraient, en effet, bloqué au niveau de l’architecture du gouvernement et le PJD continue d’exiger de garder tous les départements ministériels qu’il dirige dans l’actuel gouvernement. Bien plus, poursuit le journal, citant les mêmes sources, à la date du samedi 21 septembre, El Othmani n’avait toujours pas présenté sa conception de l’architecture du futur gouvernement à ses alliés. Ne parlons même pas du démarrage de la deuxième étape des négociations qui portera sur la répartition des postes ministériels entre les partis membres de la coalition gouvernementale.
Quoi qu'il en soit, note Al Ahdath Al Maghribia, ces négociations ont, depuis le début, été frappées du sceau du secret. Tout ce qui a pu remonter à la surface, ce sont les rivalités entre certains partis, notamment le PPS et l’UFSP, et les déclarations qui se veulent rassurantes du chef du gouvernement et de son porte-parole. Ces derniers laissent entendre que les négociations avancent normalement et qu’il n’y a pas eu de blocage. Cela jusqu’à vendredi dernier, jour où le RNI a tenu la première réunion de la rentrée de son bureau politique. Entre autres annonces importantes, le communiqué diffusé à l’issue de cette réunion fait état d’un mandat franc accordé au président du parti pour négocier un «renforcement» de la présence du parti au sein du gouvernement remanié.