Loin d’être le fruit du hasard, cette dynamique, rendue possible grâce à la diplomatie novatrice et agissante conduite par le roi Mohammed VI en direction des pays africains, a eu pour effet de cimenter les liens entre deux géants du continent dont l’action concertée ne manquera pas de positionner résolument l’Afrique sur la voie qu’elle a choisie pour répondre au mieux aux aspirations de ses enfants.
L’alliance stratégique tissée entre Rabat et Abuja est fondée sur un socle solide. Les deux pays s’imposent, à la faveur des progrès économiques qu’ils ont réalisés, comme des locomotives pour le développement souhaité par cette Afrique qui change.
Tous les facteurs économiques et géopolitiques plaident en faveur de cette alliance. Le Nigeria est aujourd’hui la première puissance économique africaine avec un Produit intérieur brut de 415,08 milliards de dollars, selon les chiffres du Fonds monétaire international.
Le Maroc a, quant à lui, réussi à consolider sa position de premier investisseur africain dans le continent, selon le rapport 2017 publié par FDI Markets, du groupe britannique Financial Times, qui affirme que «le Maroc reste aussi un important récepteur d’investissements étrangers au bénéfice de nouveaux projets en Afrique, mais il devient aussi lui-même un investisseur majeur dans le continent».
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Le Maroc et le Nigeria partent, donc, de cette forte base pour consolider un partenariat dont les bienfaits seront, par la force des choses, ressentis au-delà de leurs frontières.
Les multiples accords et conventions de coopération conclus entre les deux pays lors de l’historique visite effectuée en décembre 2016 par le roi Mohammed VI au Nigeria constituent la plateforme idéale pour un déploiement de l’axe Rabat-Abuja à l’échelle continentale.
Sur le plan géopolitique, les observateurs de la scène africaine reconnaissent à Rabat et Abuja leur influence militaire et diplomatique positive dans le continent.
Les participations successives du Maroc et du Nigeria aux opérations de maintien de la paix, à travers le monde et en particulier en Afrique, positionnent les deux en tant que puissances qui projettent une influence stabilisatrice non seulement dans la volatile région du Sahel mais à travers tout le continent.
Les données historiques sont là pour illustrer cet engagement de deux pays. Pendant plus d’un demi-siècle, plus de 60.000 casques bleus marocains ont participé à 5 missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique (Congo, Somalie, République Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire et République Centrafricaine), 11 hôpitaux médico-chirurgicaux de campagne ont été déployés dans 10 pays africains et ont assuré plus de 530.000 prestations médicales au profit des populations locales, outre l'assistance humanitaire en faveur de pays africains.
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Le Royaume reste aujourd’hui engagé dans deux théâtres d’opérations: en République Démocratique du Congo (depuis 2001) et en République centrafricaine (depuis 2013) totalisant, depuis le début de leur déploiement, un effectif de plus de 28.000 Casques bleus.
Pour sa part le Nigeria a été depuis les années 1960, un contributeur majeur de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations-unies. Plus récemment, les troupes nigérianes ont été la principale composante militaire de la mission onusienne au Libéria, de 2003 à 2018, contribuant à rétablir la sécurité dans un pays déchiré par une guerre civile brutale.
Cette vocation des deux pays est consolidée par leur activisme et leur capacité avérée à prendre des initiatives cruciales dans de nombreux dossiers qui touchent directement à l’avenir du continent dans une ouverture et une noblesse d’esprit qui coupe avec les calculs étriqués qui n’ont plus droit de cité dans cette Afrique nouvelle dont les contours sont en train de se dessiner à la faveur de l’engagement de ses dirigeants sages et éclairés.
Il convient de rappeler dans ce contexte la décision de l’Union africaine (UA) de désigner le roi Mohammed VI et le président Muhammadu Buhari en tant que leaders africains dans deux dossiers d’une importance stratégique pour le devenir du continent, à savoir l’immigration et la lutte contre la corruption.
C’est une reconnaissance qui traduit la stature des deux dirigeants vers lesquels se tournent les regards des Africains pour aider le continent à reprendre en main sa destinée et occuper fièrement et dignement sa place dans le monde d’aujourd’hui et de demain.
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Le retour du Maroc au sein de l’UA a favorisé l’émergence l’axe Rabat-Abuja, un axe dont la consolidation ne manquera pas de façonner le processus de transformation actuellement en cours dans le continent.
Lors du 30e Sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu en janvier dernier à Addis-Abeba, le Président Buhari s’était dit, dans une déclaration à la MAP, confiant que les relations entre le Maroc et le Nigeria continueront à se renforcer dans tous les domaines.
Il s’agit d’un processus que les dirigeants des deux puissances africaines s’efforceront à accélérer, conscients que leur poids politique combiné constitue une force formidable pour façonner l’intégration en Afrique et représenter les intérêts du continent sur la scène mondiale.
L’organisation panafricaine a besoin de la contribution précieuse du Maroc et du Nigeria pour concrétiser ses objectifs suprêmes de développement et compenser le temps perdu dans des débats sur des questions qui n’ont fait qu’aggraver les divisions entre les fils du continent.
L’alliance entre Rabat et Abuja s’annonce ainsi sous les meilleurs auspices avec la visite qu’effectuera le président Buhari dans le Royaume et les entretiens qu’il aura avec le roi Mohammed VI.