A la deuxième Chambre, lors du débat du bilan d’étape de l’Exécutif, les élus de l’opposition ont cru bien faire en mettant le doigt là où ils pensaient faire mal, le chômage. Le chef du gouvernement, qui s’était préparé à cette question précise, chiffres à l’appui, a eu raison de les apostropher: «Alors que nous avons conclu un accord social qui permet de relever les salaires du public et du privé, vous n’avez donc rien trouvé d’autre ?».
Aziz Akhannouch a profité de l’occasion pour rappeler au PJD qu’en dix ans, les deux gouvernements que le parti a dirigés ne se sont jamais assis autour d’une table avec les syndicats pour conclure un accord social, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 11 et 12 mai.
D’après le quotidien, ce qui a le plus interpellé le chef du gouvernement, ce n’est pas la réaction de l’opposition, mais la sortie du Conseil économique, social et environnemental. En effet, alors qu’Aziz Akhannouch venait de présenter son bilan de mi-mandat devant les deux chambres et que le débat était ouvert, le rapport publié par le CESE sur les NEET (les jeunes qui n’ont ni travail, ni formation, ni éducation) a fait tache.
Au point où Aziz Akhannouch s’est demandé si cela n’était finalement pas prémédité, un précédent en matière de relation entre les institutions constitutionnelles. Pour l’heure, le chef du gouvernement préfère créditer le Conseil, présidé par le socialiste Ahmed Reda Chami, de bonne foi. Il n’en reste pas moins, souligne le quotidien, que le chef de l’Exécutif n’a pas ménagé le président du CESE.
Le sujet n’est pas nouveau, a-t-il dit, le diagnostic qui a été fait ne l’est pas non plus. La question a même été abordée bien avant les élections alors que son parti, le RNI, préparait son programme électoral. «La voie de la confiance», document publié alors par le RNI, consacre une partie aux NEET. C’est pour dire, poursuit le quotidien, que pour le gouvernement, ce n’est pas un sujet nouveau.
Cela d’autant que, souligne Assabah, les recommandations présentées par le CESE ne sont ni convaincantes, ni réalistes. Elles ne peuvent donc pas constituer une base de travail pour le gouvernement. On comprend donc, comme le souligne de son côté le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end, pourquoi «le chef du gouvernement a clashé le président du CESE».
Pour Aziz Akhannouch, le fait que l’on compte actuellement 1,5 million de NEET est le résultat d’un constat que son parti avait relevé il y a longtemps: 250.000 élèves quittent l’école chaque année. Il est tout à fait naturel qu’un grand nombre d’entre eux finisse en NEET. La question aujourd’hui est de trouver une solution.
Et si comme l’a mentionné Aziz Akhannouch, le CESE avait pris la peine de relire le programme du gouvernement, il aurait bien constaté que l’Exécutif travaille justement à ce problème.
Entre autres mesures prises en ce sens par le gouvernement, la mise en œuvre de la réforme de l’école publique et surtout la lutte contre l’abandon scolaire.
Pour ceux qui n’ont pas eu cette chance, poursuit Al Akhbar, le gouvernement a mis en place «l’école de la seconde chance» qui bénéficie à 80.000 personnes. Des programmes de formations professionnels ont également été initiés en plus d’autres mesures.
Plus encore, le gouvernement s’apprête à lancer la «Stratégie Maroc Digital», avec pour objectif de former 100.000 jeunes, notamment dans le coding, chaque année au lieu de 14.000 au titre de l’année 2020. Aziz Akhannouch a également évoqué le programme «Awrach» qui, bien qu’étant un programme d’emploi temporaire, a néanmoins permis de créer 50.000 postes d’emploi stables et donc permanents pour les jeunes. Le programme «Forsa», également lancé par le gouvernement, a permis de créer 21.000 entreprises et coopératives sur un total de 300.000 demandes d’accompagnement déposées sur la plateforme dédiée.