Ismaïl Haniyeh, le patron du bureau politique du mouvement Hamas, se trouve au Maroc pour une visite de plusieurs jours à l’invitation du PJD, apprend Le360 auprès de plusieurs responsables du parti dirigé par Saâd-Eddine El Othmani.
Selon nos sources, Ismaïl Haniyeh est accompagné par une délégation comprenant cinq hauts responsables de son mouvement et aura des entretiens avec plusieurs leaders du PJD, dont Saâd-Eddine El Othmani. D’ailleurs, le secrétaire général du PJD programme une déclaration conjointe avec Ismaïl Haniyeh en ce mercredi 16 juin 2021, en fin d’après-midi.
La visite d’Ismaïl Haniyeh intervient au moment où ce mouvement est éclaboussé par plusieurs scandales, le dernier en date étant un scandale sexuel impliquant Abu Fenna, le responsable de la Zakat à Gaza, filmé en «bonne compagnie» dans un hôtel de Tel-Aviv. Juste avant lui, Ismaïl Haniyeh a été sévèrement critiqué pour une virée au Qatar, où il a pleinement profité de son séjour à Doha, au moment précis où une pluie de bombes tombaient sur les Palestiniens de Gaza.
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Rappelons aussi que suite au conflit ayant opposé le Hamas et Israël, Saâd-Eddine El Othmani avait envoyé un message de félicitation au Hamas pour ses «victoires». Un message qui avait entraîné une vive réaction de l’ambassadeur israélien à Rabat.
La visite au Maroc d’Ismaïl Haniyeh intervient aussi dans un contexte pré-électoral avec de grands enjeux pour le PJD, qui cherche à revenir aux affaires pour un troisième mandat. Dans sa campagne électorale, le parti islamiste exploite à fond la cause palestinienne, plutôt caractérisée par un «tropisme hamassien».
Pour Saâd-Eddine El Othmani, il s’agit aussi d’essayer de faire oublier aux bases de son parti que c’est lui, en tant que chef du gouvernement, qui a apposé sa signature, en décembre dernier, sur la déclaration tripartite Maroc-USA-Israël, par laquelle le Royaume a rétabli ses relations avec l’Etat hébreu.
Pour les intérêts de l'Etat marocain, cette visite du chef du Hamas n'intervient pas au meilleur moment. Le gouvernement espagnol essaie par tous les moyens de distiller l'idée que c'est la reconnaissance de l'administration américaine qui aurait donné des ailes au Maroc dans sa crise avec l'Espagne. La stratégie de l'Espagne a pour objectif de pousser l'administration de Joe Biden à reconsidérer la proclamation de son prédécesseur. Mais pour le PJD, ce sont d’abord les intérêts du parti et ceux de la confrérie islamiste mondiale qui priment.