Le Fonds de développement rural, doté d’un budget de 50 milliards de dirhams, fait à nouveau polémique. Il est à l’origine de frictions entre les trois formations de la majorité gouvernementale. C’est à l’occasion de l’examen des amendements du projet de loi de finances de 2024 que ce sujet a été à nouveau soulevé, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 11 et 12 novembre.
D’après le quotidien, les députés des partis de la majorité ne sont pas d’accord sur le choix du ministère qui va désormais gérer ce Fonds. Sous le gouvernement Benkirane, sa gestion est passée de la Primature au ministère de l’Agriculture. Ce différend est d’ailleurs à l’origine du retard qu’a connu l’examen des amendements du PLF 24.
Tout commence par un amendement présenté par le groupe parlementaire du PAM qui, sur demande du bureau politique, suggère que la gestion des ressources financières de ce Fonds soit confiée, à part égale, à la fois au ministère de l’Agriculture dirigé par le RNI et au ministère de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire chapeauté par le PAM.
Le groupe de l’Istiqlal est ensuite entré en jeu insistant sur une motion de son comité exécutif pour que la gestion du Fonds soit confiée en entier au ministère de l’Équipement à la tête duquel se trouve le secrétaire général du parti, étant donné, estiment les députés de la formation, que c’est ce ministère qui s’est occupé de la construction des routes et des voies rurales.
Face à cette situation, le ministre délégué chargé du Budget a décidé d’intervenir en médiateur afin de faire converger les trois formations vers un amendement consensuel. Une réunion a été tenue en ce sens, mercredi, dans son domicile à Rabat, souligne le quotidien. Réunion à laquelle ont participé les chefs des groupes parlementaires des trois partis ainsi que les membres de la commission des finances chargés du suivi des amendements déposés par les députés.
La réunion n’a pas servi à dépasser cette situation de blocage. En vertu de l’agenda imposé par la Loi organique des finances, les amendements doivent être examinés et adoptés dans un délai fixé qui ne peut être dépassé. Aussi, le différend a-t-il été soumis aux chefs des trois partis.
Une réunion de l’instance de la majorité, au niveau des deux secrétaires généraux et du président des trois formations, a été programmée pour lundi, rapporte de son côté le quotidien Assabah également dans sa livraison du week-end. D’après le quotidien, avant d’en arriver là, les trois leaders des partis de la majorité ont vainement essayé, via des appels téléphoniques, à convaincre les chefs des groupes parlementaires de se mettre d’accord sur une gestion des amendements acceptée de tous.
Selon Assabah, les chefs des trois partis ont proposé un deal. Les chefs de groupes parlementaires doivent présenter des amendements communs, puis retirer après accord avec le gouvernement ceux qui auront un impact financier, en laisser d’autres pour que les conseillers des trois formations les présentent à la deuxième Chambre et appuyer ceux que le gouvernement présentera et qui ont, du reste, fait l’objet de discussion lors d’une réunion tenue au siège du ministère des Finances.
Si des différends subsistent, le quotidien Assabah estime, lui, que le problème du Fonds de développement rural n’est plus posé. Certes, la tension a été telle que certains membres ont menacé de rompre l’alliance de la majorité, mais après un entretien téléphonique entre le chef du gouvernement et le secrétaire général du PAM, le groupe parlementaire de ce dernier a décidé de retirer son amendement.
Il n’est plus question de partage des ressources de ce Fonds entre le RNI et le PAM. Quant à la réaction de l’Istiqlal, le quotidien affirme qu’il s’agit d’une position politique que le parti a tenu à exprimer. Notons que les amendements du PLF 24, dans lesquels ne figure pas celui lié à ce Fonds, ont été votés vendredi en fin d’après- midi.