Depuis sa «démission» le ministre de la Gouvernance et des Affaires générales, Lahcen Daoudi, a assisté à deux réunions du Conseil du gouvernement. Il y a notamment fait un exposé sur les négociations qu’il dirige, en personne, avec les représentants des secteurs de production, de service et de commerce, afin de trouver un moyen de réduire les prix de certains produits de consommation. Ceci étant, la décision d’accepter sa démission ou de la refuser demeure des seules prérogatives du roi, comme la Constitution le dispose dans l’article 47.
Selon des sources autorisées, les ministres (partisans, technocrates et de souveraineté) considèrent que le fait que Daoudi sort dans la rue pour soutenir les ouvriers licenciés par Centrale Danone ne constitue pas une faute justifiant son limogeage. Pour preuve, disent-ils, plusieurs ministres, avant lui, ont participé, à titre officiel, à plusieurs marches de protestation initiées par les partis de la majorité. Mais aussi bien les ministres que le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, tiennent à rappeler qu'ils ne s’immiscent aucunement dans les prérogatives constitutionnelles du souverain.
Dans son édition du mardi 19 juin, le quotidien Assabah rapporte que certains considèrent cette prise de position en faveur de Daoudi comme un camouflet infligé à la direction du PJD, qui s’est réunie en moins de 24 heures après les faits pour étudier sa demande de démission. Les mêmes sources estiment que cette précipitation visait à donner la chance à un autre dirigeant du parti de postuler au poste de ministre, en cas d'acceptation de la démission de Daoudi par le souverain.
Pour rappel, le chef du gouvernement a rapidement soumis au souverain la demande de démission de Daoudi, contrairement à son prédécesseur Abdelilah Benkirane qui a préféré la taire, comme il avait tu celle de Mustapha Ramid, alors ministre de la Justice et des libertés.
Toujours selon Assabah, le ministre de la Gouvernance et des Affaires générales aurait beaucoup avancé dans ses négociations avec les importateurs de carburants. Daoudi prône de suivre le modèle belge qui consiste à fixer une marge bénéficiaire chaque quinzaine, afin de réduire l’intensité de l'augmentation des prix. La réponse des représentants de ce secteur devrait être connue ce mardi.
Parallèlement à ces négociations, le ministre a, en compagnie du ministre de l’agriculture, Aziz Akhannouch, entamé des discussions avec les professionnels du lait. Daoudi a aussi étudié avec les intéressés l’avenir des eaux minérales et de plusieurs autres produits essentiels de consommation.
D'autre part, le Conseil du gouvernement a créé une commission, présidée par Saâd-Eddine El Othmani et chargée de déterminer les produits les plus consommés par les Marocains. Une commission à laquelle participent le ministre de la Gouvernance et des Affaires générales, Lahcen Daoudi, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Boussaid et le ministre de l’Industrie, de l’investissement et du commerce et de l’économie numérique, Abdelhafid Alami. L’objectif de cette commission est de réviser les critères de fixation des prix, ainsi que le mode d’intervention de l’Etat dans le soutien du pouvoir d’achat des différentes catégories sociales.