Contrairement à ce qui a été rapporté dans une dépêche de Reuters, qui cite « des sources proches du ministère marocain des Affaires étrangères », le Maroc n’a jamais exigé l’octroi de l’immunité à ses responsables sur le territoire français en contrepartie du rétablissement de la coopération sécuritaire et judiciaire avec la France. Le démenti d’une source autorisée au ministère marocain des affaires étrangères est catégorique. «Je démens formellement les informations rapportées par l’agence Reuters au sujet du conditionnement par le Maroc de la reprise de la coopération judiciaire avec la France par l’établissement de l’immunité sur les responsables marocains. Le Maroc n’a jamais demandé l’immunité. Prétendre le contraire est un fait irresponsable et un pur mensonge. Ce qui a été rapporté à ce sujet par Reuters est complètement faux», affirme la source autorisée au ministère des affaires étrangères.
Notre source ajoute que le Maroc a demandé «une révision de la convention d’entraide judiciaire et une application égalitaire des obligations internationales des deux pays». Et de s’interroger sur ceux qui évoquent cette prétendue demande d’immunité, en vue de l’instrumentalisation avérée du système judiciaire français pour nuire aux relations bilatérales entre le Maroc et la France. L’instrumentalisation de cette fausse information a déjà commencé. La chaine d’information France24 invite le repris de justice Zakaria Moumni pour dispenser aux spectateurs son expertise sur l’immunité, apprise lors de combats dans des cages.
Aujourd’hui, à l’ère du postcolonialisme, le principe de la compétence universelle de la justice française pose problème. Ce principe s’applique à d’autres territoires, hors de France, si l’une des personnes disposant d’un passeport français venait à être mêlée à un litige. Même si cette personne vit au Maroc et est marocaine, il suffit qu’elle fasse valoir un passeport français pour que le parquet de Paris s’autorise à se saisir d’un dossier qui a eu pour théâtre Rabat, Marrakech ou Zagora. Tant que le principe de la territorialité de l’application de la justice ne sera pas revu par la France, la coopération judiciaire et sécuritaire resteront lettre morte.