Dans un article faisant la Une du quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia, la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information (DGSSI) réagit aux accusations d’Amnesty International à propos de la surveillance du journaliste Omar Radi et du «présupposé espionnage des cellulaires de plusieurs opposants».
L’instance rattachée à l’administration de la Défense nationale riposte en indiquant que, depuis l’adoption des smartphones en particulier, les autorités locales ont mis l’accent sur la protection des systèmes d’information et que ces actes de pillage de données engendrent des pertes économiques, financières et sécuritaires assez conséquentes pour le pays.
Citant une source sous couvert d’anonymat, le journal rapporte que la DGSSI a veillé à instaurer une confiance numérique, en parallèle avec la publication de près de 2.045 éditions numériques depuis 2014, pour attirer l’attention sur le risque cyber qui guette la société marocaine.
Dans ce qui s’apparente à un droit de réponse aux accusations de l’ONG internationale, l’expert en cybersécurité, dont Al Ahdath rapporte les propos, s’interroge sur l’enjeu de la surveillance des opposants via des actes de piratage et la pénétration de smartphones, à l’heure où l’Etat s’inscrit dans la lutte contre le piratage et l’accès non autorisé des données et sensibilise, qui plus est, «les usagers aux solutions techniques pour éviter que les citoyens ne mordent à l’hameçon».
L’expert anonyme fait valoir également que le rapport de l’ONG n’apporte aucune valeur ajoutée, expliquant au passage que le journaliste impliqué dans ce dossier a refusé de mettre à jour son système d’exploitation IOS et qu’il a d’ailleurs reconnu surfer sur des sites non sécurisés. De ce fait, «les accusations d’Amnesty sont dénuées de sens», explique-t-il.
Le journal note qu’à l’heure qu’il est, Amnesty n’a présenté aucune preuve de ses allégations. Rappelons que le gouvernement a réagi à la lettre de l’ONG par un communiqué de la Direction des études juridiques et de la coopération internationale au ministère d’Etat chargé des droits de l’Homme, qui refuse d’échanger avec Heba Morayef, la directrice régionale de la zone MENA, et attend un retour de l’actuelle secrétaire générale, Julie Verhaar. Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, avait d'ailleurs commenté cette affaire en soulignant que les arguments présentés par l’Organisation ne tenaient pas la route.
Au sujet de ce «supposé» acte malveillant, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération africaine, Nasser Bourita, a tenu pour sa part, lors d’une conférence de presse courant juillet, à rappeler à Amnesty sa responsabilité en cas de non-existence de preuve tangible et scientifique. Pour tenter d’atténuer la cacophonie ambiante autour de cette affaire, Naser Bourita rappelle que le Maroc dispose d’une stratégie d’Etat en matière de sécurité des systèmes d’information, dont l’un des principaux objectifs est de sensibiliser les citoyens au risque cyber.