Eu égard au statut du MUR et ses connexions avec le gouvernement, ce communiqué pourrait impacter les relations diplomatiques entre les deux royaumes.
La politique menée par l’Arabie saoudite pour réguler son champ religieux a été vivement critiquée par le Mouvement unicité et réforme (MUR), bras religieux et aile idéologique du parti de justice et de développement (PJD), qui conduit la majorité gouvernementale, depuis 2011.
En effet, dans un communiqué incendiaire daté du mercredi 13 septembre, le MUR a ouvertement accusé l’Arabie saoudite d’injustice, tout en qualifiant sa politique de «mascarade». Ce communiqué parle d’arrestations de prédicateurs, membres du courant du Cheikh Salman Al-Awda, et dénonce vigoureusement cette attitude des autorités de Riyad, rapporte le quotidien Akhbar Al Youm dans son édition de ce jeudi 14 septembre. Et de faire remarquer que c’est la première fois que ce bras religieux du PJD émet un communiqué vivement critique à l’égard de la politique de l’Arabie saoudite.
Incontestablement, le ton de ce communiqué serait de nature à compromettre les relations entre les deux royaumes. Car, explique le quotidien, la configuration actuelle du MUR pourrait alimenter des polémiques et déboucher sur des lectures biaisées dudit communiqué.
En effet, deux membres du gouvernement, à savoir Mohamed Yatim, ministre de l’Emploi, et Mustapha El Khalfi, qui chapeaute le département chargé des Relations avec le Parlement, sont des membres du Bureau exécutif du MUR. De même, Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement, et son successeur Saâd-Eddine El Othmani, actuel chef de l’Exécutif, sont des membres du «parlement» (conseil de la Choura) du MUR.
Cette situation, s’interroge le quotidien, provoquerait-elle une crise diplomatique entre les deux royaumes? En réponse à cette question, le président du MUR, Abderrahim Cheikhi, a tenté de tempérer en affirmant que les positions de son association n’ont aucun lien avec le parti, en l'occurrence le PJD.
Mais Ahmed Raissouni, qui avait dirigé le MUR avant de siéger actuellement au sein de son Bureau exécutif, a tiré à boulets rouges sur la politique de l’Arabie saoudite en la qualifiant de «belliqueuse» et de «mascarade». Dans une déclaration au quotidien, il a ironiquement souligné que «la nouveauté en Arabie saoudite est que les gens ne sont pas interpellés pour avoir exprimé leurs opinions, mais pour leur silence».
Autant dire que la réaction de Riyad ne se fera pas attendre.