Une motion de censure à moins d'une année de la fin du mandat du gouvernement. Voilà ce que propose le patron du PAM. A priori, cela semble aberrant. Mais le secrétaire général du PAM, qui est également député, a bel et bien invité les élus des formations de la majorité à présenter une motion de censure contre le gouvernement, rapporte le quotidien Assabah dans son numéro du lundi 21 septembre.
D'après le quotidien, le patron du PAM s'adresse particulièrement aux députés de la majorité qui jouent sur les deux tableaux, selon leurs intérêts. Ainsi, au lieu de continuer à s'opposer aux projets de loi élaborés par le gouvernement en jouant le rôle de l'opposition mieux que l'opposition elle-même, il les appelle tout bonnement à renvoyer l'Exécutif par le biais d'une motion de censure.
Selon Assabah, le secrétaire général du PAM a lancé cette invitation aux députés de la majorité après une intervention de Bouthaina Karrouri, députée PJD, dans le cadre des travaux de la Commission de la justice. La députée islamiste, épouse du dirigeant Abdelali Hamieddine, également conseiller parlementaire, a ainsi fustigé, lors du débat sur le projet de loi relative à l’instance de lutte contre la corruption, l’interventionnisme des ministres et leurs tentatives de contrôler l’action parlementaire. D’après la députée, les ministres ne cessent de pousser les parlementaires à jouer le rôle de porte-voix pour le gouvernement, se limitant à approuver, sans broncher, les projets de loi que ce dernier dépose au Parlement.
Intervenant à son tour durant les mêmes débats de la Commission, le secrétaire général du PAM a estimé qu'il était naturel de relever le rôle du parlementaire dans le cadre du contrôle du gouvernement, lors d’une discussion au Parlement. Ce qui ne l'est cependant pas, relève-t-il, c'est que des députés de la majorité tentent de descendre les projets de loi présentés par le gouvernement. Que les parlementaires de la majorité s'opposent aux textes de lois présentés par l’Exécutif et fassent l'impossible pour les bloquer, à défaut de les rejeter, cela signifie que le gouvernement n'est plus appuyé par sa majorité et qu'il est temps pour les membres de cette dernière de déposer une motion de censure.
Des propos qui lui ont valu une salve de critiques de la part des députés islamistes qui l'accusent de verser dans le populisme et la surenchère politique. Imperturbable, il a rappelé encore une fois aux élus de la majorité qu’étant donné qu’ils s'opposent aux décisions du gouvernement qu'ils sont censés épauler, ils n'ont qu'à le renvoyer, la Constitution leur en donnant d'ailleurs le pouvoir à travers la motion de censure. Il suffit pour cela, rappelle Assabah, de réunir la signature d'un cinquième des membres de la Chambre des représentants et le tour est joué.