Près de 50 milliards de dirhams partent en fumée chaque année à cause du fléau de la corruption qui fait des ravages dans le système de gouvernance dans le pays. «Ce montant, qui serait l’équivalent de l’enveloppe budgétaire consacrée par le Maroc à la lutte contre la pandémie du Covid-19, pourrait, au cas de son épargne, être dédié au budget annuel du projet de généralisation de la couverture sociale lancé par le roi Mohammed VI». C’est par ces propos que Naïla Tazi a interpellé le gouvernement au nom du groupe parlementaire de la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à la chambre des conseillers.
Lors des séances des questions orales, mardi, Tazi a adressé dans ce sens une question à Ghita Mezzour, ministre déléguée auprès du chef de gouvernement chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, rapportent les quotidiens Assabah et Al Akhbar dans leur édition du jeudi 26 mai.
La parlementaire de la CGEM a demandé au gouvernement de «rendre publics les rapports de l’Inspection générale des finances (IGF), de renforcer la transparence des marchés publics, mettant en garde contre la lourde facture de la corruption pour le pays». Celle-ci est estimée à près de 50 milliards de dirhams par an.
Sur la base des rapports de l’ONG Transparency, la parlementaire de la CGEM a fait remarquer que «le Maroc a dégringolé de la 73ème place du classement mondial en 2018 à la 87ème en 2021, alors que d’autres pays, comme les Emirats arabes unis ont amélioré leur classement en préservant la tête du podium à l’échelle du monde arabe et le 24ème rang au niveau mondial». Cette dégradation de la position du Maroc, a signalé la parlementaire, «affecte la confiance des investisseurs qui se basent sur cet indice de transparence pour prendre leur décision».
En dépit du chantier de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, lancé en 2012, et dont le patronat a largement contribué à sa mise en application, la parlementaire a fait remarquer que «le fléau de la corruption continue de sévir, d’être banalisé dans tous les secteurs, entravant le développement du pays».
Dans le même sillage, la parlementaire de la CGEM a indiqué dans son intervention qu’elle avait déjà rappelé, il y a deux ans, à l’ancien chef de l’Exécutif, Saâd-Eddine Othmani que «son gouvernement qui avait mis de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, a échoué».Dans sa réponse, indiquent les deux quotidiens, Ghita Mezzour, ministre déléguée auprès du chef de gouvernement chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, a fait savoir que «le numéro vert mis en place par la présidence du ministère public le 14 mai 2018 a reçu, jusqu’à la mi-mai, 67.000 appels de dénonciation des actes de corruption, soit une moyenne de 100 appels par jour». Et de préciser que le numéro vert en question a permis «217 arrestations de suspects en flagrant délit de corruption, soit deux cas par semaine, dont des fonctionnaires du secteur public et des salariés du privé dans toutes les régions du pays».
Après avoir évoqué ces statistiques, la ministre a indiqué que «le gouvernement a placé la lutte contre la corruption au centre de ses priorités afin d’améliorer le climat des affaires, de renforcer la confiance des citoyens et de promouvoir l’image du pays, en améliorant son classement mondial, atteindre trente objectif procéduraux via la concrétisation de 203 projet en trois étapes s’étendant de 2016 à 2025».
La ministre a également fait savoir que son département a pu mettre en place «une batterie de projets structurants dont l’objectif est de renforcer la transparence et l’intégrité dans le circuit administratif avec la mise en place des sites «chafafia.ma», «chikaya.ma» et «open data», ayant déjà enregistré 33000 visiteurs de 130 pays». Et de souligner que ces portails permettent aux citoyens d’obtenir différentes informations en toute transparence.