Le secrétariat général du PJD a tenu une réunion, samedi dernier, au cours de laquelle il a été décidé qu’aucun des ministres ne sera présent lors de la première audience du procès d’Abdelali Hamieddine, qui se déroulera mardi prochain à Fès.
Pourtant, le parti a crié au scandale quand le dirigeant islamiste a été inculpé de complicité de meurtre dans une affaire qui remonte à 25 ans. Le PJD a constitué une commission, dirigée par le ministre chargé des droits de l’homme, Mustapha Ramid, pour suivre le développement de ce dossier.
Un dirigeant du parti a expliqué ce changement de ton en affirmant: «Nous nous sommes mis d’accord pour que les chefs des groupes du parti dans les deux chambres et quelques membres du secrétariat général assistent à cette première audience. Le ministre Ramid ne sera pas présent à ce procès afin que l’on ne nous accuse pas de politiser cette affaire comme certains essayent de nous pousser à le faire».
La première audience du procès de Hamieddine aura lieu ce mardi à Fès après que le juge d’instruction Mohamed Touileb a décidé de le poursuivre. La magistrat l’a inculpé et déféré devant la chambre criminelle près la cour d’appel de Fès pour complicité de meurtre dans l’affaire de l’assassinat de Benaissa Ait Jid qui remonte à 1993.
Le quotidien Akhbar Al Youm rapporte, dans son édition du lundi 24 décembre, que la réunion du secrétariat général du PJD a eu lieu dans le quartier des princesses alors que toutes ses réunions se déroulaient dans son siège au quartier des Orangers.
La direction du PJD a qualifié la décision du juge d’instruction de poursuivre Hamieddine en justice «d’inappropriée». Et pour cause, explique-t-elle, il a été jugé en 1993 et ce faisant, ne peut être rejugé, même sous une qualification juridique différente. Il est prévu que de nombreux dirigeants centraux et régionaux assistent à la première audience qui va se dérouler à Fès.
Les jeunes du parti ont lancé une campagne sur Facebook dans laquelle ils appellent les militants à venir nombreux pour soutenir Hamieddine. La commission du suivi de ce procès dirigée par Ramid a reçu les demandes d’adhésion de la part de dizaines d’avocats pour rejoindre l’équipe de la défense. Selon une source autorisée de ladite commission, la défense «compte plus de 100 avocats qui ont l’intime conviction que le procès de Hamieddine est politique et non pas juridique».
Hamiedine a été déjà inculpé au début des années 90, en compagnie d’autres personnes, de coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Mais la justice a requalifié cette accusation en participation à des affrontements entre étudiants ayant entrainé la mort.
Le dirigeant islamiste, Khamar Hadioui et une troisième personne, avaient alors purgé trois années de prison ferme. Malgré l’inculpation et le jugement de Khamar, il a été entendu en 2012 dans cette même affaire en tant que témoin à charge face à des membres du PJD, dont Hamieddine. La plainte déposée contre Hamieddine fut classée par le parquet qui évoqua l’autorité de la chose jugée. En clair, ce qui a été jugé ne peut être remis en cause, clament les péjédistes.