Le PJD, dans une ultime tentative de renverser le cours de l’histoire électorale du Royaume, a lancé un «raid» sur le Parlement. Une véritable «Ghazoua», dans la terminologie islamique, qui s'est achevée sur une défaite cuisante, souligne le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 8 mars. Le Parti a eu beau mobiliser presque l’ensemble de ses députés, soit 104 parlementaires au total, qui ont fait irruption, dans la soirée du vendredi, au seins de l’hémicycle, bravant les mesures de sécurité en vigueur depuis mars de l’année dernière, rien n’y a fait. L’amendement contre lequel le PJD a livré cette bataille a fini par être adopté à 162 voix pour, 100 voix contre et une abstention.
Le chef du groupe parlementaire du parti islamiste, au même titre que ses «frères» qui ont pris la parole lors du débat des projets de loi relatifs au processus électoral, votés dans la nuit du vendredi au samedi, ont parlé de violation de la Constitution, d’atteinte au choix démocratique et même de retour en arrière et de régression dans le processus démocratique. Au passage, ils ont traité de tous les noms la plupart des autres formations représentées au Parlement. Pour finir, les députés islamistes ont également parlé de mise en minorité du gouvernement et de la nécessité pour le chef de l’Exécutif de recourir à l’article 103 de la Constitution et de demander à nouveau un vote de confiance du Parlement.
Paradoxalement, note le quotidien, le PAM, également pénalisé par le changement de la méthode de calcul du quotient électoral, a défendu bec et ongles cet amendement, accusant au passage le ministre de l’Intérieur de neutralité passive. Le ministère avait, en effet, refusé cet amendement présenté par les trois formations de l’opposition, le PAM, le PPS et l’Istiqlal. Il a par contre accepté pratiquement tous ceux qui ont été présentés par le PJD. Revenant également sur les détails de cette nuit de vote dans son édition du même jour, le quotidien Al Akhbar affirme que le PJD a violé les dispositions de l’état d’urgence sanitaire. Le parti a également passé outre une tradition installée au Parlement depuis le début de la crise sanitaire, tradition selon laquelle seul un tiers des membres des groupes parlementaires est présent lors des séances de vote des projets de loi.
En passant en revue l’ensemble des nouveautés apportées par les projets de loi concernés, le quotidien affirme qu’en plus de l’amendement de l’article 84 du projet de loi organique de la première Chambre qui porte sur le quotient électoral, les partis de l’opposition et ceux de la majorité ont également adopté un autre amendement, auquel s’est opposé, bien sûr, le PJD. Il s’agit de la suppression pure et simple du seuil électoral. Une autre réforme qui ne sert aucunement les intérêts du parti islamiste. Pour le quotidien Al Massae qui s’intéresse, lui aussi, à ce sujet dans son édition du même jour, l’adoption de ces projets de loi et les amendements les concernant ont eu pour conséquence de faire éclater la majorité.
Le quotidien rappelle que le PJD, en forçant les règles installées depuis plus d’une année et en mobilisant tous ses députés pour cette «descente» au Parlement, a provoqué un blocage de l’institution parlementaire et retardé de plusieurs heures le démarrage de la séance plénière. Et, comme si cette démonstration de force ne suffisait pas, le parti, du moins certains de ses dirigeants -le quotidien parle de plusieurs figures de proue de la formation islamiste-, a brandi la menace de boycotter les prochaines élections. Ce qui fait dire à Al Massae que le parti ferait mieux, désormais, de surveiller les réactions de ses dirigeants. Il a tout intérêt, poursuit le quotidien en citant des personnalités de premier rang, à étudier minutieusement ses prochaines sorties.
Justement, souligne de son côté le quotidien Assabah dans son numéro de lundi, les dirigeants du parti islamiste ont effectivement menacé de boycotter non seulement les prochaines échéances électorales, mais également tous les grands événements politiques, en guise de protestation contre ce qu’ils appellent un «putsch blanc» contre la majorité.
Citant des membres de la direction du PJD, Assabah assure que le parti islamiste s’apprête à réunir son Conseil national, en session extraordinaire, pour baliser le terrain au secrétariat général et aux ministres afin de mettre cette menace à exécution, au cas où la Cour constitutionnelle donnerait son aval à cet amendement de l’article 84 de la loi organique de la première Chambre. Autant dire, conclut le quotidien sur une note satirique, que le PJD a jusque-là appris à gagner les élections et remporter des sièges et des maroquins, sans jamais apprendre à renoncer aux postes de responsabilité le moment venu.