La direction du PJD se rebiffe, à la veille d’une rentrée politique qu’elle veut «forte et exceptionnelle». Saad-Eddine El Othmani, le secrétaire général du parti, a ainsi insisté au début de son allocution d’ouverture du conseil national extraordinaire, tenu samedi, sur «l’unité du parti», rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 17 septembre. «Notre force est dans notre unité», déclare-t-il. Une déclaration qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, puisque son prédécesseur Abdelilah Benkirane n’a pas tardé à lui répliquer, par médias interposés, reniant l’existence d’une quelconque division au sein du parti.
«Nous sommes un seul parti», a insisté Benkirane, refusant de parler de l’existence même de courants, qu’il s’est d’ailleurs dit prêt à combattre, au sein de la formation islamiste. Ce faisant, l’ancien homme fort du parti a également demandé aux siens de soutenir El Othmani dans sa mission ou, à défaut, de «le laisser travailler tranquillement».
Au fil de son intervention, le secrétaire général a laissé entendre qu’on peut déceler dans les deux derniers discours du Roi un soutien au PJD et au rôle de l’acteur politique dans l’édification de la démocratie et dans le développement économique et social.
Naturellement, comme tout le monde s’y attendait, El Othmani a également évoqué l’alliance de son parti avec le PPS, à laquelle il se dit attaché tout en insistant sur la cohésion au sein de la majorité gouvernementale. Cela dit, Benkirane a donné son opinion sur cette question. «Le PPS est en colère, et c’est son droit », a-t-il annoncé, toujours à la presse. «Il y a en effet à redire dans la manière dont la secrétaire d’Etat Charafat Afilal a été relevée de ses fonctions», a-t-il ajouté. Benkirane n’a pas manqué d’appeler les responsables des deux partis à maintenir cette alliance, «non pas pour rester au gouvernement, mais pour les besoins de la réforme».
Un autre sujet s’est invité de force à cette réunion extraordinaire du parlement du PJD, la question de la «darija» dans l’enseignement. El Othmani, tout en lançant quelques piques au publiciste Noureddine Ayouche, a tranché cette question en assenant que «ceux qui appellent à l’introduction de la darija dans l’enseignement se sont mis, de fait, en dehors du cadre de la Constitution». De toutes les manières, insiste-t-il, c’est une chose que son parti n’acceptera jamais.
Conjoncture oblige, les responsables du PJD se sont de même attardés sur la question de la jeunesse, ses contestations et surtout la dernière «vague d’émigration clandestine». L’ancien chef du gouvernement a conclu, à ce sujet, que lors de son mandat, «les Marocains ne tentaient pas d’émigrer vers l’Europe comme ils le font aujourd’hui».
Globalement, écrit pour sa part Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du même jour, on peut dire qu’El Othmani a repris les rênes du parti avec le soutien de son prédécesseur Abdelilah Benkirane. L’atmosphère tendue qui a régné au sein du parti depuis la formation de l’actuel gouvernement est en train de s’estomper. Les frères, réunis samedi dernier, se sont en effet entendus pour ne pas aggraver leurs différends.
Il faut dire, explique le journal, qu’El Othmani a pu, non sans beaucoup d’efforts, et avec prestance, clarifier les choses au sein de sa formation et en finir avec le flou qui caractérisait la situation au PJD. En gros, il a pu faire comprendre aux siens d’abord, et ensuite au monde extérieur, que l’existence de désaccords entre les membres du PJD ne veut pas dire que le parti est divisé.