Une tonalité amère qui rompt pour une fois avec l'accent triomphaliste adopté jusqu'ici par le Front Polisario. Celle qui a été décelée dans un document officiel, distribué dernièrement aux membres de la direction du Polisario, et dont la teneur vient d'être dévoilée en exclusivité par un site proche de la direction de Rabouni.
Une amertume aiguillée par l'humiliation du retrait par le Polisario de ses éléments armés de la zone de Guerguerat, vendredi 28 avril 2017, quelques heures avant la réunion du Conseil de sécurité. Un retrait au goût de défaite, d'autant que le Polisario s'était juré, quelques jours auparavant, de ne jamais quitter cette région affirmant qu'il y était entré pour y rester à tout jamais!
Une erreur d'appréciation grotesque commise par une direction du Polisario qui était trop imbue d'elle-même, après avoir été galvanisée par Alger, avant de rétropédaler sous les coups qu'elle a reçus successivement de la part du nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et du Conseil de sécurité, dont la résolution 2351 a fait l'effet d'un séisme du côté d'Alger et de Tindouf.
"Le document officiel dont nous détenons en exclusivité un exemplaire confirme ce qui a été dit par les analystes au sujet du retrait de la région de Guerguerat. La direction du Polisario avait plutôt utilisé le terme de redéploiement pour maquiller sa défaite et la sortie humiliante de ses éléments armés de la cette région", certifie le site officieux du FP.
Selon ledit document, "la non-utilisation du terme de retrait était due à des considérations liées au discours et à la tactique militaire". Et d'ajouter que "la décision du retrait répondait à une demande des alliés selon lesquels le maintien de la présence militaire du Polisario à Guerguerat avait produit un effet inverse à celui qui était escompté". "Le Polisario se serait suicidé politiquement parlant s'il ne s'était pas retiré de la région de Guerguerat", indique en effet le document.
Lire aussi : «Le Polisario perd la bataille de Guerguerat», selon l’agence de presse espagnole EFE
Seulement, les fanfaronnades qui ont précédé ce retrait humiliant n'avaient pas lieu d'être. Le Polisario aurait pu simplement emboîter le pas au Maroc qui avait procédé à un retrait de la zone tampon, le 26 février 2017, en interaction avec l'appel à la retenue adressé par le nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et à travers lui, toute l'instance décisive de l'ONU, le Conseil de sécurité.
Revenant aussi sur l'accord de cessez-le-feu de septembre 1991, le Polisario reconnaît dans le même document "des erreurs fatales" commises lors de la négociation de cet accord qui devait mettre fin aux hostilités. Dans le document, il est reproché aux négociateurs de ne pas avoir "insisté pour la création, au niveau de la bande séparant la région de Guerguerat de la ville de Lagouira, d'un poste de contrôle relevant de la Minurso".
Force est de constater que l'accès à cette bande concomitante du mur de défense marocain est verrouillé. Dans le document, le Polisario reconnaît être obligé de passer par le territoire nord de la Mauritanie pour pouvoir accéder à la ville de Lagouira. Le déplacement supposé du chef du Polisario sur la côte atlantique a dû donc se faire via le territoire mauritanien. "Il était impossible au chef du Polisario d'accéder à Lagouira via la région de Guerguerat", avait en effet certifié à le360 une source sécuritaire.
"Si la Mauritanie, qu'à Dieu ne plaise, venait à empêcher nos troupes de traverser son territoire, il nous serait impossible de passer via la bande côtoyant le mur de défense menant de Guerguerat à la côte atlantique", dit le document. Et pour cause, aucun élément armé ne peut s'aventurer dans la zone tampon de Guerguerat. Cela serait considéré comme une violation de l'accord de cessez-le-feu avec ce que cela implique en termes de représailles à l'encontre de la partie responsable de l'infraction.
Depuis la signature de l'accord de cessez-le-feu en septembre 1991 jusqu'à la bataille perdue par le Front sur le terrain de Guerguerat, sans oublier son échec retentissant lors de la négociation en 1995 des avenants relatifs à la "zone tampon", sous l'égide des Nations unies, c'est la première fois que le Polisario fait le constat, à la fois amer et réaliste, de son échec dans la gestion du dossier du Sahara.