Dans une salle où le Polisario a rameuté stagiaires, étudiants et quelques vieux sympathisants désœuvrés en guise de figurants pour montrer qu’il y avait foule, les cérémoniaires d’une rencontre organisée, jeudi au Parlement européen à Bruxelles, ont été surpris de voir le représentant du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), aller aux antipodes de leurs thèses fallacieuses, en faisant prévaloir le droit, le réalisme et le bon sens, au point où ils ont regretté de l’avoir invité.
Sous le regard effaré de quelques sbires algériens qui veillaient au grain, le représentant de l’organe qui régit, sous la houlette de Federica Mogherini, les relations diplomatiques de l’UE avec les pays non-membres et mène la politique étrangère et de sécurité de l’Union, n’y est pas allé par quatre chemins.
Répondant aux allégations sur l’accord agricole et celui de la pêche entre le Maroc et l’Union européenne, Vincent Piket, chef de la division des pays du Maghreb au SEAE, a affirmé que la Cour de justice de l’UE n’a, à aucun moment, donné raison au Polisario.
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«Non. Contrairement à ce que le Polisario considère comme une victoire morale. Il a perdu et la Cour lui a demandé de payer les coûts de la procédure». Les accords restent valables du point de vue du droit européen et du droit international, a-t-il expliqué.
M. Piket a rappelé que l’UE entretient des relations avec le Maroc et ne peut en aucun cas signer des accords avec «une entité qui n’a pas d’identité légale, qui n’a pas de personnalité juridique et qu’aucun État membre ne reconnaît».
«Le Polisario n’est pas le seul représentant des populations sahraouies. Il n’est pas reconnu par les États membres. C’est une réalité et un fait politique que l’on ne peut pas nier», a tranché le responsable européen.
Il a précisé que dans le cadre du processus d’adaptation de l’accord agricole et de renouvellement de l’accord de pêche, la Commission européenne, «qui a obtenu mandat à l’unanimité du Conseil de l’UE», organe décisionnel suprême des États membres, a mené des consultations avec un large éventail de représentants des populations locales, notamment les élus, la société civile et les différents acteurs concernés.
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Le responsable européen a par ailleurs tenu à souligner l’exclusivité des Nations unies dans le traitement de la question du Sahara et réitéré la position de l’UE qui consiste à ne pas interférer dans ce dossier. «Il s’agit d’une question qui ressort de la compétence exclusive de l’ONU et l’UE ne se prononcera pas sur cette question», a souligné M. Piket.
Inutile de décrire l’ambiance qui a régné dans la salle après cette intervention du représentant du département de la diplomatie de l’Union européenne.
Le député Ivo Vajgl, maître de cérémonies invétéré des activités des séparatistes au Parlement européen, qui présidait la séance, s’est lancé dans une diatribe furieuse contre la Commission européenne qui sert selon lui «les intérêts mercantiles" de certains États membres, tandis que des intervenants, voulant justifier leur per diem, ont embrayé sur les sujets érodés d’«exploitation de ressources naturelles», des «droits de l'homme au Sahara» ou encore «le référendum d’autodétermination» qui ne fait plus partie du lexique des Nations unies.
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Par contre, ils n'ont dit aucun mot sur l'Algérie qui finance, arme et héberge sur son territoire à Tindouf les séparatistes du Polisario et bloque tous les efforts de la communauté internationale pour une solution du conflit basée sur une autonomie avancée dans un cadre souverain marocain et une intégration économique et sécuritaire régionale.
En récompense de leurs «efforts» un somptueux banquet les attendait à la sortie. A deviner qui régalait…