Le premier amour de Bouteflika est une infirmière oujdie

DR

Revue de presseC’est à Oujda que sont nés les premiers rêves d’Abdelaziz Bouteflika, ses premières amitiés, ses premières amours… Mais comment a-t-il pu renier tout cela ? Le roman d’une passion trahie.

Le 03/01/2015 à 10h01

C’est un secret de polichinelle: Abdelaziz Bouteflika adore abhorrer le Maroc. Du jamais vu: sur le site officiel du président algérien, il est fait mention de sa date mais pas de son lieu de naissance. Pourtant, c’est au Maroc, à Oujda précisément, qu’il a vu le jour, grandi et vécu ses premières amours. Mais comment cette passion a-t-elle pu se transformer en haine? Dans son édition week-end, Al Akhbar essaie de trouver à cette question des éléments de réponse en faisant une apnée dans le passé oujdi du président algérien, reconstituant quelques tranches de son enfance et de sa prime jeunesse pour comprendre et faire comprendre les ressorts de sa personnalité. Première clef livrée, l’amour secret et inachevé du jeune Abdelaziz. Mais qui a été la première élue du cœur du jeune Abdelaziz? «Il est dit que Bouteflika a vécu une histoire d’amour violente dans les quartiers de la ville d’Oujda. Mais à l’époque où il était lié d’amitié avec Allal Sinaceur (NDLR : ex-conseiller de Hassan II), à la fin des années 50 et au début des années 60, il souffrait d’une timidité telle que ses joues rougissaient au premier regard jeté discrètement à une fille», confient ses amis d’enfance. «Le jeune Abdelaziz pouvait à peine prendre langue avec une fille», se souviennent-ils, en révélant que sa première bien-aimée était une belle infirmière. Mais voilà, le feu follet de cette première passion sera de courte durée. En 1960, année qui marque l’avènement de l’Indépendance de l’Algérie, le jeune amoureux fait ses valises et quitte douloureusement sa ville natale, aux côtés des figures emblématiques du FLN, connues sous le nom du «Clan d’Oujda», à destination d’Alger. Là-bas, la chance sourit au jeune Bouteflika puisque ce «bout d’homme» -il est de courte taille- se fera vite remarquer et deviendra, à l’âge de 25 ans, ministre de la Jeunesse au premier gouvernement Ben Bella, premier gouvernement post-Indépendance. Pour un premier pas, un pas de géant. Pouvoir, argent, prestige, énergie … le jeune Abdelaziz en avait à revendre. «Il aurait pu emporter avec lui en Algérie son premier amour, -l’infirmière-, mais il ne l’a pas fait», relèvent ses amis d’enfance, en expliquant que Bouteflika était animé de la folie des grandeurs et n’hésitera pas à s’extirper de la ville des origines, laissant derrière lui des amis inconsolables et un premier amour inaccompli. Seulement voilà, la rupture sera totale.

Quand Bouteflika reniera son passé oujdi«Quand nous avons appris que Bouteflika avait été désigné membre du Conseil national du FLN, nous n’avons pas été surpris. C’était en 1962. Les liens forts que Bouteflika entretenait avec le FLN ne faisaient pas mystère. Nous savions qu’il lorgnait un haut poste dans l’Algérie post-Indépendance», racontent ses anciens amis. Mais «ce qui nous a surpris, c’est que Bouteflika soit désigné, à 25 ans, ministre au premier gouvernement post-Indépendance», confessent-ils. «Je ne vous cache pas l’immense joie avec laquelle nous avons accueilli cette nouvelle à Oujda», confie un de ses amis. «Nous étions enthousiastes à l’idée qu’un de nos amis puisse devenir ministre à la fleur de l’âge», se réjouit-il. Simplement, cette joie fera long feu. Et pour cause. «Bouteflika fera vite de renier ses origines oujdies», regrette-t-il. «A l’annonce de sa désignation en tant que ministre de la Jeunesse, un de ses amis, prénommé Abdellah, a fait le déplacement à Alger pour le féliciter mais il a eu la désagréable surprise d’apprendre qu’il était indésirable au bureau du jeune ministre». «La nouvelle est tombée comme un couperet sur le cou de tous ceux qui, de loin ou de près, ont connu cet homme», relate l’une de ses anciennes connaissances, amère. Mais plus amère encore, sera la volteface que fera Bouteflika une fois nommé ministre des Affaires étrangères après le putsch militaire qui a conduit au renversement d’Ahmed Ben Bella et l’arrivée au pouvoir du colonel Houari Boumediène. L’incurable inimitié que Bouteflika nourrit à l’égard du Maroc date particulièrement de cette époque-là et se poursuivra jusqu’au jour d’aujourd’hui. Même au soir de sa longue carrière politique qui l’a mené jusqu’au sommet de l’Etat, monsieur le président rechigne toujours à revenir à la raison et reconnaître au moins ses origines. Décevant.

Par Ziad Alami
Le 03/01/2015 à 10h01