Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dabaiba, entame, dimanche 27 juin, sa première visite au Royaume depuis sa désignation, en février dernier pour gérer la transition politique en Libye jusqu’aux élections prévues en décembre, a appris Le360 de sources concordantes. Nos sources confirment ainsi l’information rapportée, ce vendredi 25 juin, par la lettre parisienne Africa Intelligence.
Le chef du gouvernement libyen arrive donc à Rabat en provenance de Londres, trois jours après la conférence de Berlin 2 sur la Libye à laquelle le Maroc avait été convié par l’ONU et les Allemands, mais qu’il a choisi d’ignorer, dans un contexte de crise sourde entre Rabat et Berlin.
La visite d'Abdelhamid Dabaiba à Rabat intervient dans la foulée de celle de Salah Aguila, président de la Chambre des représentants, et illustre les rapports forts qui existent entre les deux pays. Ce qui confirme la place clef que les Libyens confèrent à Rabat pour trouver une solution au conflit qui les oppose.
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Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, avait indiqué jeudi au terme de son entretien avec Salah Aguila, président de la Chambre des représentants libyenne, en visite à Rabat au lendemain de la conférence de Berlin 2, «qu'il n'existe pas de solution berlinoise à un problème d'Afrique du Nord», avant d'ajouter que «l'Afrique du Nord a son propre contexte et a sa propre dynamique».
Manifestement, les protagonistes libyens partagent le même avis que le chef de la diplomatie marocaine et ne fondent pas beaucoup d’espoirs sur le sommet de Berlin 2 qui sera autant caduc que Berlin 1. D’ailleurs la chancelière sortante, Angela Merkel, semble avoir fait le deuil d’une solution berlinoise au conflit nord-africain, dans la mesure où elle a dégradé le sommet du 23 juin d’une représentation de chefs d’Etat (ce qui était le cas de Berlin 1) à une représentation ministérielle.
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Lors de ses consultations au Maroc, Abdelhamid Dabaiba évoquera le processus politique et les actions du gouvernement de transition. Le Premier ministre libyen fera aussi part de la cohésion au sein de l'Exécutif libyen notamment le rôle que joue la ministre actuelle des Affaires étrangères de Libye, Najla Mangoush. Cette dernière, rappelle-t-on, a effectué, le 11 juin, une visite de travail à Rabat, sa première, au cours de laquelle elle a souhaité la réouverture de l'ambassade du Maroc à Tripoli, ainsi que la tenue d'un sommet maghrébin.
Ce ballet diplomatique d’acteurs libyens au Maroc montre que ce n’est pas le Maroc qui va chercher les Libyens. Ce sont les Libyens qui viennent au Maroc. Le rôle clef que les Libyens accordent au Royaume ne date pas d’hier. Dès 2012, le Royaume a présenté ses bons offices pour aider les Libyens à trouver une voie de sortie à la crise qui les oppose. Fort d’une vision claire sur les fins assignées à sa médiation et que toute solution se trouve d’abord et avant tout entre les mains des Libyens, le Royaume a gagné en crédibilité auprès des parties qui s’opposent en Libye. A tel point qu’elles ont beaucoup insisté pour que le Maroc participe au sommet Berlin 2.
Entre Skhirat, Bouznika et Tanger, on ne compte plus le nombre de rencontres entre les principaux protagonistes du conflit libyen qui ont défilé au Maroc. Contrairement à d’autres puissances régionales et mondiales, le Maroc n’agit pas par intérêt en Libye et n’a pas d’agenda non plus. Et c’est ce qui explique sans doute le succès de sa médiation, devenue incontournable pour les Libyens.