Bien que les prochaines échéances électorales n’auront lieu qu’en 2021, les leaders de la majorité gouvernementale ont décidé de se pencher sur la révision des lois organiques relatives aux élections législatives et communales. D’autant que les élections du parlement coïncident avec la fin de la mandature des communes, des conseils provinciaux et régionaux, ainsi que des chambres professionnelles.
Selon certaines sources, les chefs des partis de la coalition gouvernementale ont convenu d’entamer des discussions pour remplacer le scrutin de liste par le scrutin uninominal. Ils estiment que ce mode de vote permet aux bases partisanes, qui bénéficient de la proximité avec la population, d’investir les institutions élues. Celles-là mêmes qui sont occupées par des élus ayant profité du vote politique en faveur des partis qui excellent dans la communication populaire.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 12 octobre, que le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, mène une vaste campagne pour que la majorité des partis adopte le scrutin uninominal. Pourtant, c’est ce même parti qui avait milité pour l’instauration du scrutin de liste à l’époque du gouvernement de l’alternance. Mais le recul de la popularité du parti de la Rose et la décadence de «L’international socialiste» ont durement impacté ses résultats électoraux.
Cette atomisation de la base électorale a poussé l’USFP à revoir sa copie et à opter pour le scrutin uninominal qu’elle considère, aujourd’hui, comme étant la seule issue pour redorer son blason. Une idée qui pourrait devenir réalité puisqu’elle est partagée par la majorité des partis et en particulier par Aziz Akhannouch (RNI), Mohand Laenser (MP) et Mohamed Sajid (UC). Il reste toutefois à Lachgar à convaincre le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah, dont le parti a beaucoup souffert lors des élections de 2015 et 2016 à cause, justement, du scrutin de liste. Ses candidats avaient pourtant obtenu un grand nombre de voix par rapport aux élections précédentes, mais la répartition des sièges selon le scrutin de liste proportionnel a bénéficié à son allié le PJD, ainsi qu’au PAM.
Les mêmes sources indiquent que, dans le cas où Saâd-Eddine El Othmani venait à refuser cette proposition, son parti (PJD) se retrouverait isolé face à ses alliés. Voire face à l’opposition qui approuve cette position, notamment le parti de l’Istiqlal qui a toujours défendu le retour au scrutin uninominal. Et pour cause, ce mode de scrutin mettrait fin à la prédominance du PJD dans la gestion des villes et permettrait aux militants de base de briguer des sièges dans les différentes institutions élues. Le hic, c’est que ce choix va sceller le retour des «notables», de l’argent sale et des leaders qui savent nager en eaux troubles.