Le dirigeant socialiste Hassan Nejmi a adressé un ultimatum au premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar. En effet, il l’a appelé à organiser incessamment une réunion du bureau politique pour discuter des répercussions du projet de loi 22.20, présenté par le ministre socialiste Mohamed Benabdelkader. Dans une lettre incendiaire publiée sur son compte Facebook, ce membre du bureau politique menace de laver le linge sale du parti sur les réseaux sociaux si jamais cette réunion n’avait pas lieu. Nejmi a soutenu l’initiative de son collègue Younès Moujahid, qui avait appelé Mohamed Benabdelkader à démissionner de son poste de ministre de la Justice. Nejmi estime que cette décision est justifiée, eu égard à l’absence de solidarité au sein de la majorité gouvernementale et au comportement de certains esprits partisans étroits qui nuisent aux intérêts suprêmes du pays.
Driss Lachgar n’a pas tardé à réagir, affirmant que le bureau politique demeurait en session ouverte et précisant que le retrait du projet de loi 22.20 sur les réseaux sociaux était bien la preuve que l’USFP marchait au rythme du pouls de la société.
L’un des dirigeants du parti, qui a préféré garder l’anonymat, affirme que la direction de l’USFP doit répliquer fermement aux composantes de la majorité qui l’ont laissée toute seule face à la polémique suscitée par ce projet. Pourtant, ajoute le même intervenant, ce projet a été approuvé par le gouvernement et concerne en premier lieu les intérêts des dirigeants du RNI, dont le bureau politique s’est permis, avec le MP, de se désolidariser de l’Exécutif.
Cette même source, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du mardi 12 mai, souligne l’ambiguïté de l’attitude de Driss Lachgar, notamment lors de sa réunion avec le chef du gouvernement. Lachgar semble, en effet, avoir du mal à clarifier sa position. Or, ce projet de loi a provoqué un tollé général au sein de l’opinion publique, tollé qui a contraint le gouvernement à en reporter la discussion à la fin de l’état d’urgence sanitaire. En tout cas, ce sujet a créé une large fissure au sein de la direction du parti, divisant ceux qui réclament la démission du ministre Mohamed Benabdelkader et ceux qui considèrent que la suspension du projet suffit, en attendant de discuter de ses répercussions dans les appareils du parti.
De toute façon, ajoute la même source, la quasi-majorité des membres du bureau politique ont été affectés par ce faux pas et tiennent à ce qu’il y ait une discussion franche sur ce sujet. D’autres sources proches de la direction de l’USFP s'étonnent du silence dans lequel s’est réfugié Habib El Malki, qui est pourtant président du Conseil national du parti et président de la Chambre des représentants. D’autant que certains militants lui ont demandé de provoquer une session extraordinaire du Conseil national pour discuter de ce sujet et de ses répercussions sur le parti.