Cela a pris exactement trente secondes. Dans ces trente secondes chacun de nous n’a pensé qu’à une seule chose, aller se réfugier là où il pense qu’il sera le mieux en sécurité. Dans ce laps de temps, c’était chacun pour soi. A part nos proches, personne et rien d’autre ne comptait. Après, tout a soudainement changé. Le sens de la vie a changé pour chacun d’entre nous, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans l’édito de son numéro du lundi 11 septembre.
A peine conscients de notre salut et que nous avons la vie sauve, nos biens sont intacts, les mauvaises nouvelles de là-bas, au Haut Atlas où le séisme a frappé le plus durement et le plus mortellement aussi, ont commencé à affluer.
«Il paraît qu’il y a eu des victimes». Cette phrase prononcée ainsi au tout début était censée nous rassurer et minimiser l’effet du drame. Puis l’on a appris qu’il y a eu beaucoup de morts. Nous étions sur les places publiques où nous nous sommes réfugiés cette nuit à échanger les expressions de condoléances et guetter les informations sur le bilan des morts et des blessés qui s’alourdit de plus en plus à mesure que les heures passent. C’est ainsi que la plupart d’entre nous avons vécu les heures qui ont suivi cette heure fatidique de 23h11, la nuit du vendredi au samedi. Un autre moment tragique à inscrire sur la liste des événements les plus tristes que notre pays a connus.
Puis, c’est ce qui fait un peu notre particularité, cet esprit de solidarité, dont les Marocains ont fait montre lors de ces points noirs qui ont jalonné notre histoire, s’est réveillé. Dans ce drame du siècle, qu’est ce séisme qui a touché pas moins de 30 provinces, un point de lumière surgit, écrit à son tour l’éditorialiste du quotidien Al Akhbar dans son édition du même jour. Nous avons laissé de côté nos chamailleries politiques pour refaire sortir ce qui nous unit tous, cet élan de solidarité collective, derrière notre Roi, dont nous, Marocains, cette nation multiséculaire, avons le secret.
Très rapidement donc, le Souverain a présidé une réunion de travail, tracé une feuille de route et donné des instructions pour sa mise en œuvre immédiate. Et si l’éditorialiste a exprimé des craintes que le contenu de cette feuille de route risque ne pas être exécuté comme il faut ou à temps, le gouvernement vient de rassurer tout le monde sur ce point. En effet, soulignons-le, un Conseil de gouvernement a été réuni en urgence et un décret-loi adopté pour l’ouverture des comptes spéciaux évoqués par le Souverain. La réunion interministérielle également mentionnée se réunira, demain lundi.
Le Chef du gouvernement supervise personnellement la mise en œuvre de cette feuille de route et la mise en exécution immédiate des instructions royales.. A chacun son petit drame, ses préoccupations, … écrit de son côté l’éditorialiste du quotidien Assabah, dans son édition du même jour. Mais, poursuit-il, aujourd’hui nous avons tous laissé de côté nos petites misères et nous nous sommes mobilisés tous pour faire face à ce drame qui a endeuillé une partie de nos concitoyens et emporté d’autres.
Un élan de solidarité a été lancé, observe l’éditorialiste, un élan de générosité et de don de soi. Couvertures, tentes, vivres, médicaments, les caravanes d’aides affluent sur Marrakech et les zones sinistrées de toutes les régions du Royaume. Une campagne spontanée de don du sang a été lancée et atteint des records. Les secouristes ont commencé à affluer de partout, y compris certains pays étrangers, frères et amis.
Encore une fois, nos institutions, notre armée, nos autorités, nos ministères, nos administrations, notre secteur public et privé, ... ont de nouveau fait montre de leur savoir-faire et de leur capacité à faire face à toutes les situations difficiles, souligne l’éditorialiste. C’est tout cela qui fait la grandeur de notre pays.