Le torchon brûle de nouveau entre l’USFP et le PPS. Les amis de Driss lachgar accusent leurs anciens alliés de la Koutla de leur piquer leurs élus et notables, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du week-end des 2 et 3 juillet.
Les luttes, mais aussi les conflits, entre les deux plus grandes formations de la gauche, ne datent pas d’hier. Ces deux partis ont toujours été en concurrence pour représenter le mieux, et légitimement, l’idéal de la gauche. Aujourd’hui, ils sont au bord de la crise.
En effet, les dirigeants de l’USFP, principalement son premier secrétaire Driss Lachgar, ne cachent plus leur colère de voir certains notables du parti, à leur tête le député de Sraghna Abdelali Doumou, rejoindre les rangs du PPS pour les prochaines élections législatives du 7 octobre.
Abdelali Doumou n’est d’ailleurs pas le seul à rallier le PPS, d’autres anciens leaders du courant «Ouverture et démocratie», initié par feu Ahmed Zaidi, ont manifesté leur intention de faire de même. La dernière figue de proue de ce courant à franchir le pas n’est autre que la propre fille de feu Zaidi, élue communale de Rabat.
La direction de l’USFP, qui espérait convaincre ces dissidents ayant finalement choisi de ne plus faire partie de la nouvelle aventure de la formation "Alternative démocratique", a été déçue, non pas d’avoir échoué dans cette mission, mais de les voir rallier, l’un après l’autre, son rival, le PPS.
Certains dirigeants de l’USFP, affirme le journal qui cite des sources au Bureau politique, pressent Driss Lachgar de publier un communiqué dans lequel l’USFP protesterait énergiquement contre les «tentatives incessantes du PPS de le réduire en essayant d’enrôler ses élus». La proposition n’a finalement pas été retenue. Elle n’a pu tenir face à l’opposition de certains membres du Bureau politique et celle du premier secrétaire lui-même.
Réaction fermePourtant, le PPS s’est toujours montré rassurant et n’a pas manqué de donner des explications sur ces récents ralliements des anciens militants de l’USFP. Ce qui n’a pas empêché certains dirigeants de l’USFP de continuer à exiger une réaction ferme de Driss Lachgar et du Bbureau politique. Ceci, car aujourd’hui, et c’est presque une conviction largement partagée au sein de l’USFP, personne ne s’attend à ce que le parti décroche autant de sièges qu’en 2011. Son groupe parlementaire risque même de se réduire comme peau de chagrin si le parti arrive, toutefois, à former un groupe.
Sur un autre registre, les rapports entre les deux formations, hier alliées au sein de la Koutla, se sont détériorés ces dernières années. Même en étant du même bord, chacun a choisi son camp et ses alliés. Le PPS compte aujourd’hui sur son allié, le PJD, beaucoup plus que sur une hypothétique alliance de la gauche. L’USFP, elle, a scellé son sort à celui du PAM.
De même, les deux formations ne comptent déjà plus sur la mobilisation de leurs militants et leurs sympathisants pour remporter des sièges. Elles s’en remettent désormais aux notables, de préférence avec une fibre de gauche, capables de gagner par eux-mêmes leurs sièges pour maintenir leur existence au Parlement et dans les institutions. Et c’est donc tout à fait normal que les deux partis se disputent le même gisement des élites politiques qui n’est d’ailleurs pas extensible à souhait.
A noter que la transhumance des élus est sanctionnée par l’article 61 de la Constitution. Un député qui change de couleur politique au cours de son mandat est automatiquement déchu. Mais au début de la législature, ce risque ne se présente pas. Le seul garde-fou contre cette pratique, au demeurant répréhensible, reste d’ordre éthique et moral.