Lors d’une réunion houleuse tenue ce week-end dans la résidence du chef du gouvernement, les dirigeants de la majorité ont vivement critiqué le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme et des relations avec le parlement, Mustapha Ramid. Ils lui reprochent de s’immiscer dans les affaires du ministère de la Justice et dans celles de la présidence de la Chambre des représentants. Très en colère contre les multiples sorties de Ramid sur les réseaux sociaux, les leaders des partis s'en sont plaints auprès du chef de la coalition gouvernementale, Saâd-Eddine El Othmani. Ce dernier a, comme à l’accoutumée, essayé de calmer le jeu en jouant au pompier, sans toutefois lâcher son bouillonnant frère islamiste du PJD. El Othmani a fait mieux en reconnaissant à Ramid le droit de donner son avis sur des projets de loi en raison, dit-il, de ses prérogatives constitutionnelles en tant que ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme et des relations avec le parlement.
Les chefs des partis de la majorité, qui n’ont pas été convaincus par ces explications, ont exprimé leur colère face à la multiplication des sorties médiatiques de Ramid. Il s’est transformé, selon eux, en un nouveau blogueur qui essaye d’enflammer les citoyens en jouant la carte de la protection de l’argent public, comme s’il était le seul à lutter contre la corruption. Pis encore, ajoutent les mêmes intervenants, le ministre a poussé l’effronterie en allant jusqu’à s’attaquer aux amendements des groupes parlementaires et à s’immiscer dans les affaires du ministère de la Justice dirigé par le socialiste Mohamed Benabdelkader.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 3 février, que les chefs des partis de la majorité ont tenu à rappeler à El Othmani que Ramid n’était plus ministre de la Justice. Du coup, précisent-ils, il n’a pas le droit d’imposer son opinion sur un texte de loi qui a été approuvé par le gouvernement. Les leaders de la coalition gouvernementale ont mis en garde Ramid contre toute immixtion dans le projet relatif à la réforme de la politique pénale que prépare le ministre de la Justice. Ils ont, en outre, évoqué le conflit qui oppose le ministre islamiste au président de la Chambre des représentants sur la procédure de la prise de parole sous la coupole. Ramid a insisté sur son droit de réponse aux interventions des députés, en tant que ministre chargé des relations avec le Parlement.
Les chefs de la majorité ont appelé El Othmani à intervenir pour dissuader Ramid de s’attaquer aux députés et à la présidence de la Chambre des représentants. Ils ont, en outre, demandé au chef du gouvernement d’ordonner au ministre d’Etat de ne plus adresser de correspondances aux chefs des groupes parlementaires pour leur demander d’amender le règlement intérieur afin qu’il puisse répondre aux interventions des députés. Le conflit entre El Malki et Ramid s’est envenimé quand ce dernier a appris que le président de la Chambre des représentants avait fait pression sur les chefs de groupes parlementaire pour qu’ils ne répondent plus aux sollicitations du ministre chargé des relations avec le Parlement.