La visite officielle de l'émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, au Maroc, est stratégique pour les deux pays à plus d'un titre. La presse nationale lui a d'ailleurs accordé une place privilégiée dans son édition de ce vendredi 27 décembre. Les journaux rappellent la froideur qui a marqué les relations bilatérales depuis le coup d'état blanc du précédent émir Hamed Ben Khalifa contre son père, un renversement qui n'avait pas plu au défunt roi Hassan II. Akhbar Al Yaoum fait savoir que le nouvel émir du Qatar entreprend, ce vendredi, pour la première fois, une visite officielle au Maroc. A l'ordre du jour, la dynamisation du partenariat stratégique entre les deux pays. Cette visite intervient quelques semaines seulement après son intronisation.
Les deux pays vont réactiver à cette occasion la haute commission maroco-qatarie, le conseil mixte des hommes d'affaires et l'ouverture de la voie pour le versement de la quote-part financière du Qatar au Maroc, selon le même quotidien. L'ensemble des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait décidé d'accorder au royaume un don de cinq milliards de dollars sur une période de cinq ans. Akhbar Al Yaoum ajoute que le Maroc mise sur le marché qatari pour "assurer à sa main d'oeuvre des emplois, surtout que ce pays est en plein chantier en prévision du Mondial du football de 2020". Toujours selon le journal, les attentes sont également grandes pour donner une nouvelle impulsion aux "investissements, surtout que ces derniers se sont limités uniquement au tourisme et à l'agriculture". Après la visite officielle, a-t-il poursuivi, l'émir du Qatar prolongera son séjour au Maroc à titre privé, notamment à Ifrane à l'occasion du nouvel an.
Une nouvelle page
Annass a, de son côté, consacré une page entière à cette visite. "Il est prévu que cette première visite de l'émir du Qatar, la première dans un pays du Maghreb, ouvre une nouvelle page dans les relations entre Rabat et Doha, des liens qui ont évolué en dents de scie durant des décennies, avec des moments de froideur". La presse et les médias, rappelle Annass, ont attribué cette "froideur dans les relations bilatérales à la position du défunt roi Hassan II du Maroc au sujet du coup d'Etat blanc qu'avait exécuté le précédent émir du Qatar Cheikh Hamad Ben Khalifa à l'encontre de son père Khalifa en février 1995 quand ce dernier était en déplacement à l'étranger". Les relations s'étaient détériorées en 2008 quand "les autorités marocaines ont fermé le bureau de la chaîne Al Jazeera à Rabat après la diffusion par ce média d'une fausse information faisant étant de morts dans des affrontements à Sidi Ifni, ce que le royaume avait considéré à l'époque comme une attitude non professionnelle de la part d'une chaîne qui se veut objective dans la couverture des événements". "Le 26 juin 2013, le nouvel émir à pris les rênes du pouvoir au Qatar et, du même coup, tout a basculé dans les relations de ce pays avec les pays arabes, en particulier avec le Maroc", croit savoir Annass.
La décision du Qatar et du Maroc d'ouvrir une nouvelle page dans leurs relations est une décision non seulement excellente mais un exemple à méditer. Le réchauffement des relations profitera aux peuples des deux pays. La dynamisation intéressera tous les aspects de la coopération : investissement, commerce, finances, agriculture, culture... Sans oublier le volet politique et la coordination sur le plan international et régional ainsi que les volets sécuritaire et militaire.