Les intérêts bancaires rallument la guerre entre le PJD et le PAM

DR

Revue de presseKiosque360. Le PJD a toujours décrié les crédits bancaires, dont il considère les intérêts comme «haram». Pourtant, mercredi, il a voté en faveur d’une loi sur les micro-crédits. Une "contradiction" qui n’a pas échappé au PAM, ce qui a donné lieu à des échanges ardents entre les deux formations.

Le 28/12/2018 à 11h06

La Chambre des représentants, qui se penchait, mercredi dernier, sur l’adoption d’un nouveau projet de loi sur le micro-crédit, a été le théâtre d’une nouvelle passe d’armes entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti authenticité et modernité (PAM). Le vote des députés islamistes en faveur de ce texte, alors que le PJD a toujours considéré, selon Al Akhbar de ce vendredi 28 décembre, les crédits bancaires comme un encouragement à l’usure (ribâ), interdite par la charia, a suscité une réaction de leurs détracteures du PAM.

C’est ainsi que Meryem Ouhssata, membre du groupe parlementaire du tracteur, a vivement critiqué le vote du PJD, puisqu’il y a dix ans, ce parti était farouchement opposé au même texte dont l’amendement était soumis, mercredi, à l’adoption au niveau de la Chambre basse. En effet, le parti d’opposition qu’était le PJD à l’époque, a voué aux gémonies la loi sur le micro-crédit de 2009, en arguant que le citoyen était placé devant un choix cornélien: "soit violer la charia en devenant un adepte de l’usure (ribâ), soit mourir en se consumant lentement". Et la députée pamiste de s’interroger sur ce qui a changé en dix ans, pour que le PJD vote une loi qui reste la même et où l’usure est toujours de mise? Que le PJD était alors dans l’opposition, et qu’il est aujourd’hui à la tête du gouvernement?

En réponse, le quotidien Al Massae rapporte, ce 28 décembre, que le PJD a immédiatement rétorqué à ces critiques par la voix du député-maire de Fès et chef du groupe parlementaire islamiste, Driss El Azami. Se référant aux problèmes que connaît le PAM, il a lancé à l’adresse des députés de ce dernier: «Occupez-vous d’abord de vos oignons!».

Et d’ajouter, sous forme de défi, que le «texte coranique interdit clairement les prêts à taux abusifs (usure), et que ceux qui affirment le contraire n’ont qu’à le dire eux aussi clairement.» Il a ainsi expliqué que le récent vote du PJD n'était pas une contradiction, mais se justifiait par la nécessité de trouver des solutions concrètes aux problèmes des citoyens se trouvant en besoin urgent de financement. El Azami a aussi précisé que le paysage bancaire marocain s’était enrichi de banques participatives, institutions qui sont en train d’apporter des solutions alternatives à cette problématique du ribâ.

Sans se défosser, mais en changeant cette fois-ci le fusil d’épaule, Meryem Ouhssata est revenue à la charge pour asséner un autre coup de semonce au PJD. La députée du PAM a dénoncé le retard de 24 heures du vote de cette loi sur le micro-crédit, à cause de l’absence, qu'elle juge inacceptable, du président de la Commission parlementaire des finances, Abdallah Bouanou. Pour rappel, ce dernier a fait le voyage de Fès pour soutenir l’autre dirigeant du PJD, Abdelalili Hamieddine, sous le coup de poursuites pénales pour homicide volontaire, avec guet-apens et préméditation.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 28/12/2018 à 11h06