Le malheur des uns fait le bonheur des autres. C’est le cas de le dire. Alors que les malades infectés par le coronavirus, notamment ceux en situation critique, peinent à trouver un lit de réanimation, les élus sautent sur l’occasion. Certains d’entre eux auraient ainsi pesé de tout leur poids pour que le matériel médical acquis dans le cadre de marchés publics lancés par les collectivités locales bénéficie d'abord aux hôpitaux situés dans leur circonscription, écrit le quotidien Assabah, qui parle même de «marchés douteux», dans son édition du week-end des 28 et 29 novembre.
C’est ainsi, poursuit le quotidien, que des membres des conseils provinciaux accusent leurs collègues des conseils régionaux de manipuler les canaux d’approvisionnement des hôpitaux en matériel médical de réanimation pour servir des intérêts partisans et tribaux. C’est le cas notamment dans la région de Guelmim-Oued Noun, où des élus de Sidi Ifni se plaignent du fait que l’hôpital de la ville soit écarté d’un marché d’acquisition de respirateurs artificiels pour les malades du Covid-19, financé par le conseil de la Région.
Des sources citées par Assabah doutent fortement de l’application du principe de l’équité entre les communes au moment de la répartition, entre les hôpitaux de la région, du matériel médical et autres produits de désinfection et de protection, acquis par le conseil régional pour un montant de 20 millions de dirhams. Le marché comporte également des kits de dépistage, du matériel de laboratoire pour les analyses liées au Covid-19 acquis dans l’objectif de relever la cadence du dépistage dans cette région.
Par ailleurs, relève le quotidien, les services du ministère de la Santé dans la région avaient promis d’intensifier les mesures de lutte contre l’épidémie. Entre autres mesures prévues, la direction régionale de la Santé a annoncé un programme de dotation de la région en un peu plus de 200 nouveaux lits, dont 14 lits de réanimation, destinés exclusivement à faire face à la montée des cas d’infection. Ces lits sont répartis entre les hôpitaux de Guelmim, Tan Tan, Sidi Ifni, Assa Zag, Bouizakarne.
Ce qui n’empêche pas le quotidien, qui cite des élus locaux, de parler d’une mauvaise répartition de ce matériel médical. Ce qui a poussé, souligne-il, plusieurs familles, notamment les plus aisées, à s’équiper en dispositifs d’assistance respiratoire qui ne sont pas du tout adaptés au cas du coronavirus. Ces familles, estimant qu’elles ne pourraient sans doute pas trouver un lit dans les hôpitaux de la région, ont préféré s’équiper à domicile pour parer à toutes les éventualités.